A l’occasion de la sortie de son dernier album « XP24 », nous avons pu échanger avec le toulousain Pokeyz, pour une interview. Le producteur nous parle de son album « XP24 », sa vision des réseaux sociaux, ou encore le futur de son label La Couleur Records !
Salut Léo, comment est-ce que tu vas ?
Salut, ça va super et toi ? Merci de me recevoir pour cette interview la team !
Pour débuter cette interview, est-ce que tu peux te présenter toi, ainsi que ton projet Pokeyz ?
Et bien écoute, je m’appelle Léo et mon nom d’artiste c’est Pokeyz. J’habite à Toulouse et je fais de la musique électronique. J’ai commencé la musique à mes 11 ans par l’euphonium. Pour ceux qui ne savent pas, l’euphonium c’est un genre de grosse trompette, c’est une basse dans les orchestres. Donc j’ai fait du solfège. Puis vers mes 17 ans, j’ai commencé la musique sur l’ordinateur, la MAO. Ça m’a mis pas mal de temps pour trouver un petit peu mon son, à me servir de Cubase, etc. J’ai finalement débuté le projet Pokeyz en 2020, avec une signature chez Noir sur Blanc. Maintenant j’ai 28 ans, et j’adore ce que je fais !
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, lequel de tes titres tu conseillerais d’écouter ?
C’est assez difficile de répondre à cette question, parce qu’en fait j’ai des titres qui sont dans des genres un petit peu différents. Pour ceux qui aiment la pop, je vais leur conseiller d’écouter « Keep My Cool« . Et pour ceux qui aiment la bagarre, je vais plutôt les orienter vers « Not Today« , ou « Somebody to Love » voir aussi « Deadshot » !
De mon côté, vous l’avez certainement remarqué, mais j’aime les deux. Je mets de la pop dans mes sons de bagarre !
On produit mieux tout seul ou accompagné ?
Franchement, je trouve qu’à plusieurs, c’est mieux, il y a un meilleur partage. Alors, quand je suis dans mon studio, j’avance plus vite tout seul. Je me mets un gros tunnel avec mon ordi, et je fais évoluer mes idées. Mais j’avoue que j’aime bien bosser avec d’autres personnes. Par exemple, quand je fais des collabs avec d’autres producteurs, généralement on arrive à des idées qu’on n’aurait pas pu avoir tout seul.
J’adore aussi bosser aussi avec des songwriters, comme avec Karina Ramage ou Jean Castel. Là je leur envoyais des instrus ou une suite d’accords, et ils me trouvaient des mélodies et je construisais le morceau autour de ça. Je trouve que ça amène quelque chose en plus de travailler avec des songwitters !
Là on est le 23 octobre, on sait que tu reviens fraîchement de l’ADE. Comment ça s’est passé pour toi ?
C’était super cool ! Le mercredi j’ai mixé à la soirée Dancing Dead de Naeleck, j’avais signé quelques sons sur son label Den Haku. J’ai fait un B2B avec Valy Mo, et on s’est vraiment régalé tous les deux, c’était trop cool, et il y avait du monde à la soirée. Ensuite du vendredi j’ai mixé à la soirée de Charles B, c’était très sympa aussi !
J’y étais déjà l’an dernier, et franchement j’ai kiffé les deux. En 2023 c’était pour une soirée Den Haku et une soirée Dancing Dead avec Naeleck, et franchement superbe vibe !
On a déjà pu échanger ensemble il y a deux ans, lors de la release party de KL!P. Qu’est-ce qui a changé pour toi en deux ans ?
Je pense pas mal de choses. En termes de musique, j’ai affiné ce que je voulais faire dans ma direction artistique. J’ai poussé plus loin dans la recherche de style. J’ai essayé des trucs que je n’avais jamais essayé. Par exemple, quand on s’était parlé à la release de KL!P, j’avais sorti essentiellement des morceaux de Bass House. Depuis, j’ai essayé des trucs plus pop, des trucs plus drum’n’bass, des trucs plus techno. J’ai vraiment voulu explorer de nouveaux sons, tout en restant le plus possible fidèle à mon ADN, et à ma façon de faire de la musique. Ensuite, évidemment, mon premier album. Il y a eu aussi pas mal de supports DJ’s, et des dates. C’est très cool, et ça a bien évolué !
Notre précédente interview de Pokeyz (2022) c’est juste ici !
Justement, tu parles de ton album. Comment est-ce que tu pourrais le présenter ?
En fait, il s’appelle « XP24« , pour « Experiment 2024« . Je trouve que j’ai essayé d’expérimenter pas mal de choses, et de m’aventurer dans des styles que j’avais un peu tâtonné. Par exemple la drum’n’bass, je m’y étais tenté avec « Endless Romance » avec les On Point, ou sur des remixes que j’ai sorti en Free Download sur soundcloud. Après ça j’ai essayé de faire des titres pop plus aboutis. Par exemple, avec Karina Ramage, on a vraiment essayé de faire des vraies chansons, même s’il y a le côté bagarre sur les drops. Pour « XP24« , ça reflète un peu ce que c’est Pokeyz. J’avais vraiment envie d’expliquer ce que c’est que mon style musical, et que je ne me m’étais pas de barrière ; que mon style va de là à là. Tout ce qu’on retrouve sur l’album, ça rentre dans le style Pokeyz !
Tu t’es beaucoup cherché et découvert via cet album. Tu vas te cantonner à un seul style ou tu continues dans ce sens ?
L’album m’a vraiment permis de cadrer le style « Pokeyz« . Donc oui, je vais continuer des tracks techno, drum’n’bass et pop. C’est les 3 grands piliers sur lesquels je m’appuie. En fait, durant l’année 2022 – 2023, je sortais des titres comme « Let It Go » qui était très pop, et d’autres comme ‘Deadshot » qui était très Bass House. Alors certes il y avait des synthés qui revenaient d’un track à l’autre, mais pas utilisés de la même manière. C’est là où je me suis dis que je voulais faire un album : pour montrer le fil rouge de mon projet. Ca reflète également mes sets. Si tu veux mes sets je les commence avec de la Bass House, je monte en techno et je finis en drum. Je voulais un album construit comme ça, pour montrer le style Pokeyz !
J’ai voulu garder le même projet derrière ces styles différents, car même dans mes sons drum, on retrouve la touche de « Somebody To Love » ou d’autres tracks. On retrouve le côté pop, les mêmes synthés, etc. Je ne trouvais pas ça nécessaire de construire un nouvel alias. Par contre si un jour je fais un projet reggaeton, là je changerai de nom ! Mais bon ça n’arrivera pas. Puis je trouve que c’est déjà suffisamment de boulot d’être un artiste émergent, et de travailler sur 1 seul projet. Donc si je commence à en faire 2, voir même 3, c’est trop de travail. David Guetta, il sort des titres pop comme « I’m Good« , et d’autres fois il sort de la Future Rave et il laisse « David Guetta« . DJ Snake c’est pareil, sur un même album tu retrouves « Let Me Love You » et « Ocho Cinco« .
Pourquoi le format album, alors qu’il est un peu décrié en 2024 ?
Il y a pleins de gens qui disent de pas le faire, donc je l’ai fait ! Je plaisante :rire:. La vraie explication c’est que, comme on l’a dit avant, ça m’a permis de cadrer mon projet. Ça m’a aussi laissé la liberté créative d’expérimenter plusieurs choses. Ça me permettait de faire une suite logique dans ma musique, et d’expliquer de manière cohérente mon fil conducteur. J’avais envie de faire cet album depuis un moment déjà. Et j’ai eu la chance de signer ça chez Uncommon Records ! Ce que j’ai aimé, c’est qu’on a pas sorti tout d’un coup. On a sorti 6 singles qui ont permis de faire découvrir petit à petit l’album.
La force de cet album, c’est ses collabs. C’est une vraie volonté de ta part ?
Oui ! En fait, ça faisait un moment que je travaillais avec ElmyX. La collab’ avec lui on l’a commencé en 2022 il faut se dire. Pareil avec Hippo on avait bosser pas mal de sons. Avec les 87100, j’avais déjà la track et je leur ai proposé d’ajouter leur touche dessus. En fait, chaque collab’ a une histoire différente, mais à chaque fois la volonté première c’était de travailler ensemble, et de s’éclater. J’avais envie de faire quelques choses avec les potes, et je suis vraiment heureux que tous ces artistes talentueux aient répondu présents au projet !
La collab’ avec Kenty Clide, de base j’avais commencé le morceau tout seul. Puis il m’a dit qu’il avait entendu que je bossais mon premier album, et m’a demandé si j’étais chaud pour qu’on fasse un truc ensemble. Je lui ai envoyé la track, il a transformé le drop, et j’ai rajouté un kick techno derrière. Le résultat est dingue ! Avec Hippo & The Jacket, on a terminé la track 1 mois avant la sortie, à peine. Alors que ça faisait un an qu’on bossait ensemble, on s’envoyait des idées, mais on arrivait à rien !
Et toi quelle track tu as préféré produire ?
Franchement, tous. Je me suis vraiment éclaté sur chacune de ces productions. Elles ont toutes une histoire différente, mais j’ai adoré les faire !
Tu penses quoi de la place des réseaux sociaux chez les artistes ?
C’est primordial. Aujourd’hui, c’est ça qui nous permet de développer notre communauté, et faire écouter notre musique au plus grand nombre. C’est quelque chose d’essentiel, mais qui peut en même temps être très prise de tête. Je sais que moi, j’ai pas le réflexe de faire des TikToks et autre, même si je sais qu’il faut le faire. Et justement, c’est tellement « essentiel » pour les jeunes artistes, que ça peut mettre la pression. Il y en a que ça peut affecter mentalement, où ils se disent « il faut que ça marche ». Moi j’essaye de le prendre le plus à la cool possible, et de m’en servir pour développer mon projet artistique !
Tu es aussi très axé sur les remixes. C’est un format que tu souhaites continuer ?
Oui bien sûr ! Là je t’avoue que ça fait un moment que j’en ai pas sorti. Le dernier ça doit être celui de « I Like The Way You Kiss Me« . D’ailleurs, il est un peu dans la vibede « Not Today« . Si l’occasion de remixer un titre se présente carrément. S’il me fait kiffer, que ça me parle, et que j’y arrive facilement, je fonce ! Quand je fais de la musique, il faut que je le sente. Si je passe des mois et des mois sur un truc, ça ne me va pas. Je suis assez instinctif dans ma façon de faire.
Ça fait quoi d’être le patron de son propre label ?
C’est du boulot, mais c’est cool ! Comme vous avez pu le voir cette année La Couleur Records était en pause. Mais on réfléchit à relancer le projet dans quelques mois. On va faire une nouvelle DA, aussi bien graphique que musicale. Mais franchement, c’est super cool, et ça a été super formateur pour pas mal de choses. Tu découvres un petit peu comment fonctionne l’industrie de la musique. La Couleur Records, quand j’ai lancé ça, j’y connaissais pas grand chose.
Pour la suite, je sais pas trop comment on va faire le truc. J’aimerai bien bosser avec quelques potes, faire ça à plusieurs. Faire ça tout seul, c’est énormément de boulot.
Tu peux nous recommander 3 artistes ?
Je peux en dire plus que 3 ? ElmyX, Nao, Hippo & The Jacket, … En fait je vais te donner tous les potes présents sur l’album ! Ecoutez aussi ce que font KYLI et Kurasa qui reviennent avec du lourd. J’ai une collab’ avec eux, on est en train de bosser sur des trucs. Qui est-ce qui m’a foutu une grosse claque récemment.. Ah il y a Nitepunk que j’adore, il est trop fort. J’ai kiffé le projet de Isoxo avec Knock2 aussi. Il faut aussi écouter Mosimann, notamment son dernier titre « Underneath The Blue« . Y’a tellement de bons artistes.. En tout cas les meilleurs sont sur mon album !
C’est quoi ton plat préféré ?
Un bon gros confit de canard, avec de l’aligot. Bon après je suis du sud ouest aussi !
C’est quoi la suite pour Pokeyz ?
Là déjà je vais continuer de communiquer autour des tracks de l’album. J’ai forcément des nouveaux morceaux en préparation ! Je vais continuer de taffer avec Axelle Maga, qui chante sur « Somebody To Love« . Elle chante super bien et elle est très très forte. En fait, j’ai adoré sortir l’album et avoir des releases régulières, via les singles. Si je peux refaire ça je le referai ! C’est tellement reposant d’avoir une année de planifiée ! T’as une track par mois, un album à la fin et sa release party… T’es pas en train de galérer à envoyer des mails de démos, à des labels qui mettent des mois pour répondre. Puis tu sais pas quand ça sort, les tracks sortent pas dans l’ordre que tu voulais, etc.
C’était une année reposante sur le plan business, parce que tout était callé niveau track. Après y’avais quand même du boulot, parce qu’il fallait finir les morceaux dans les temps ! Mais j’avoue que travailler avec un label fixe, c’était vraiment super.