À l’occasion de la sortie de l’album « EURÊKA! », nous avons eu l’occasion de discuter avec Romain Garcia. On parle de sa tournée 2025, des plages de Biscarosse et évidemment de son premier album. Interview complète à découvrir dès maintenant !
Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Romain Garcia, je suis compositeur de musique électronique depuis mes 14 ans et je mixe depuis que j’ai 8 ans.

Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Très bien ! Sortir un album, c’est différent de sortir un single ou un EP. Là, c’est un vrai package de titres, et c’est hyper agréable de pouvoir en parler, de raconter son histoire et de lui donner vie.
Comment en es-tu arrivé à sortir un album aujourd’hui ?
La musique, c’est la plus grande passion de ma vie. J’ai dû me battre pour en arriver là, parce que je n’ai pas fait d’études musicales, pas de conservatoire, pas de contacts dans le milieu. Mais quand c’est un rêve, on finit par y arriver.
Le vrai tournant, c’est le titre « Cappadocia » avec Ben Böhmer il y a 5 ans. Dès que c’est sorti chez Cercle Records, ça a tout changé pour moi.
Les professionnels de la musique ont commencé à s’intéresser à moi, bien plus que le grand public d’ailleurs, et ça m’a permis de construire quelque chose de solide. Aujourd’hui, je vis de ma passion, et c’est le plus important !
Trois mots pour décrire ton album à venir ?
Je vais tricher un peu, donc en un seul, EURÊKA !
Pourquoi avoir appelé ton premier album “EURÊKA!” ?
C’est une bonne question.
J’ai eu de longue réflexion sur comment aborder un premier album. Certains disent qu’il faut créer une histoire, une logique entre les morceaux… mais c’est plus difficile qu’on ne le pense.
Et puis, je me suis souvenu d’un moment clé il y a cinq ans juste après le covid : une soirée sur une plage à Biscarrosse.
Je n’avais pas joué depuis des années, et les organisateurs m’ont dit : « Tu viens, mais tu ne joues que tes morceaux ». J’étais terrifié, j’ai marché trente minutes dans le sable en entendant la musique au loin en me disant littéralement « qu’est-ce que je fous là ? ». Et au final, la magie a opéré.
C’est là que j’ai vécu mon moment « EURÊKA!« .
C’est à ce moment que j’ai eu la certitude et la volonté de faire de la musique, en jouant les pieds dans le sable, de voir des gens heureux, parfois un peu perdu, et de connectés la musique à la nature.
Cet album raconte ce moment, cet amour pour la plage, pour l’océan, pour l’été qui s’achève. Ce mélange de nostalgie et de bonheur, comme quand tu dis au revoir à un amour de vacances que tu ne reverras jamais.
Après plusieurs EPs comme « Syamo » ou « Kili », qu’est-ce que ça change pour toi de sortir un album complet ?
C’est magique !
Pour un artiste, un album, c’est un cap symbolique, un moment de vie qu’on fige dans la musique. On dit souvent que le format album est dépassé, qu’il faut ne faire que des singles. Je ne suis pas d’accord.
Un single, c’est un chapitre ; un album, c’est l’histoire complète.
Et puis défendre un album, c’est aussi pouvoir préparer une tournée, créer un univers visuel et raconter quelque chose sur scène. C’est clairement une fierté. Et je sais déjà que j’en ferai d’autres, je ne peux pas m’arrêter là.
J’aime cette idée du “triangle magique” où chaque album défini un nouveau point sur ta carte musicale. Plus tes albums évoluent, plus ton univers grandit, et tu peux emmener ton public dans des directions différentes. C’est ce que j’aimerais faire, un peu comme avec le titre que j’ai fait avec Pépite.
Comme Tony Romera en 2021, qui a tourné une page avec son album avant d’évoluer de style ?
Exactement ! Le but, c’est de raconter une première histoire complète, un premier cycle musical. Et pour le coup, Tony Romera, c’est un magicien de la tech house. Clairement dans le top 5 mondial pour moi.
Donc Romain Garcia fera de la drum & bass dans cinq ans ?
Peut-être ! :rires:
Honnêtement, je ne sais pas. J’écoute tellement de styles différents que parfois je me dis « tiens, je vais faire ça », puis autre chose le lendemain… à la fin, c’est le chaos complet !
Mais pourquoi pas ? Peut-être que le prochain album sera plus sombre. « EURÊKA! » est lumineux, positif, solaire. Le suivant pourrait aller chercher quelque chose de plus introspectif et mélancolique.
Parce que, oui, quand on est heureux trop longtemps, c’est bizarre… il faut redescendre un peu. :rires:

Quel est ton titre préféré dans l’album ?
C’est une question très dure ! J’ai dû composer 150 à 200 morceaux pour n’en garder que 12.
Un album, c’est avant tout une question de choix. On ne garde pas forcément nos morceaux préférés, mais ceux qui racontent le mieux l’histoire. Mais si je devais en choisir un, je dirais “Lost in Bisca”.
Je l’ai écrit en pensant à mes moments seuls sur les plages de Biscarrosse, à réfléchir, à écouter les vagues et à me reconnecter à moi-même. C’est une balade introspective et mon morceau préféré, pas forcément celui du public, mais c’est celui qui me ressemble le plus.
Quel a été le fil conducteur de ton album ?
Je compose tous les jours, au minimum 20 minutes. Pas plus, pas moins.
C’est devenu une sorte de rituel : chaque jour, je crée quelque chose, selon l’humeur du moment.
Je compose souvent dans les transports, surtout quand je voyage. Je ne prends pas le Wi-Fi, donc je me retrouve face à Ableton, sans distraction. Pas de film, pas de jeu, juste moi et la musique. Et souvent, c’est là que je finis mes morceaux.
Qu’est-ce qui t’inspire le plus ?
Ce qui m’inspire le plus, c’est ce que j’ai sous les yeux. J’ai besoin d’une vue ouverte ou d’un paysage pour que les idées viennent toutes seules. La plupart de mes inspirations se sont faites au cours des voyages donc je dirai que le point commun, c’est le voyage et mes différentes expériences.

Un conseil pour les artistes émergents qui veulent se lancer, ou sortir leur premier album ?
Déjà, pas besoin d’un gros setup.
Tu n’as pas besoin de 100 000 € de matos pour faire de la musique. Aujourd’hui, un ordinateur et un bon casque suffisent. Le matériel ne compte pas. Ce qui compte, c’est l’investissement personnel.
Le plus important, c’est la patience, l’envie et le travail. Il faut accepter les échecs, et ils seront nombreux. C’est un processus long, mais magique. Il faut désinstaller Ableton 100 fois et le réinstaller 100 fois. C’est normal. Il faut aussi composer selon ses humeurs, c’est important.
Et surtout, ne pas avoir peur de copier les artistes qu’on aime au début. C’est en les imitant qu’on apprend à faire un kick, une basse, une structure. Petit à petit, ton propre son émerge naturellement.
Et si je devais donner une règle : 20 minutes de musique par jour. Tous les jours. (rires)
Parlons du label Anjunadeep. Est-ce une véritable histoire d’amour entre vous ?
Clairement, une histoire d’amour !
J’étais fou amoureux du label avant même d’y être signé. Et je peux te dire que les draguer, ça a été compliqué !
Mais aujourd’hui, on forme un vrai couple. :rires:
Ça fait presque trois ans que je travaille avec eux : quatre EPs, un album, et sûrement d’autres morceaux à venir. Ils investissent beaucoup dans mes projets, ils me soutiennent même dans mes idées les plus folles. J’ai souvent des concepts et idées un peu « débiles », et ils ne me ferment jamais la porte et restent toujours à l’écoute. Et ça, c’est rare.
Parce que beaucoup de labels aujourd’hui sont devenus des distributeurs. Anjunadeep, c’est différent. C’est comme Ninja Tune ou Defected Records : ils gardent une vraie ligne artistique et mettent réellement leurs artistes en avant. C’est une chance d’être entouré de gens comme ça.
Comment s’est passée la première prise de contact avec Anjunadeep ?
À l’époque, j’avais envoyé « White Flag« , et ils ne m’ont jamais répondu. Donc je l’ai envoyé à Ben Böhmer, qui l’a signé sur son propre label, direct.
Il a adoré, il l’a sorti, et c’est grâce à lui qu’ensuite j’ai été mis en contact avec Anjunadeep. Comme quoi, un mail resté sans réponse, ce n’est pas la fin du monde.
Il suffit de la bonne rencontre pour que tout s’enchaîne. Aujourd’hui, c’est drôle parce qu’il s’agit d’un de mes morceaux les plus écoutés aujourd’hui…
Tu seras présent à l’ADE à Amsterdam cette année, avec deux dates. Tu peux nous en parler ?
Oui, j’ai trop hâte !
C’est mon premier ADE, et ça fait cinq ans que tous mes potes me disent : « Mais Romain, il faut que t’y ailles ! »
Je leur répondais toujours : « J’irai, mais le jour où j’y jouerai. »
Parce que pour moi, c’est frustrant de venir à un événement pareil sans monter sur scène. J’aime aller voir les autres, bien sûr, mais ce que je préfère, c’est jouer. C’est là que je me sens le mieux, sur mon petit nuage.
Le vendredi, je joue au Het Sieraad aux côtés de Yotto, Rose Ringed et Susan Right et c’est déjà sold-out. Et le dimanche, je termine avec un B2B au RAWFACTORY, pour tous ceux qui ont survécu à l’ADE jusqu’au bout. Une vraie soirée de résistants ! :rires:
Après ta tournée de début d’année, tu as ensuite enchaîné sur ton « petit été français », avec Electrolapse, Marck Festival, Positiv Festival et le Monumental Tour début juillet. Comment as-tu vécu l’évolution entre ta tournée 2024 et celle-ci ?
Cette année, si je ne me trompe pas, j’ai fait entre 65 et 70 shows. C’est pas mal du tout, je suis très content.
Si je l’ai appelée mon « petit été français », c’est parce que j’avais demandé à mon agence de booking de prendre un rythme plus chill cet été.
Je voulais tourner en France, pas trop loin de chez moi, parce que je savais ce qui arrivait derrière avec la sortie de l’album. Je savais que j’allais moins voir mes amis et ma famille, donc je voulais profiter d’eux avant.
Bon, j’ai quand même accepté deux dates à l’étranger, Washington et Montréal, histoire de bouger un peu. Mais le reste, c’était vraiment pour prendre du temps, recharger les batteries et préparer sereinement l’album.
Cette année a été folle, parce que j’ai littéralement fait le tour du monde. J’ai tourné avec mes meilleurs potes : Maxime (DA, tour manager, photographe, un couteau suisse) et Nicolas (réalisateur et vidéaste).
Et je peux te dire que quand tu fais le tour du monde avec tes potes, c’est magique. On a fait les États-Unis, l’Australie, l’Inde, l’Espagne, le Mexique… c’était incroyable. Et j’ai déjà annoncé la phase 1 de ma nouvelle tournée, elle est déjà énorme !

Design : @charlyderouault
Photo : @a_jsm
Donc s’il y a une phase 1, on peut s’attendre à une phase 2 ?
Peut-être bien que oui. Et si tout se passe bien, peut-être même une phase 3…
On va clôturer l’album avec ces tournées-là, histoire de faire vivre le projet jusqu’au bout.
Romain Garcia, c’est plutôt club ou concerts ?
Je suis un grand fan de clubs. Le club, t’y vas pour taper du pied, pour te défouler, pour faire la fête. Mais j’adore aussi les concerts, j’ai l’impression que c’est là où tu peux vraiment raconter une histoire aux gens.
En concert, tu peux autant pleurer, rire, vivre un vrai moment. Ma musique est adaptée au club, mais je pense qu’elle l’est encore plus au concert.
Et puis je me dis qu’à 50 ans, si je suis encore dans ce métier, est-ce que je pourrai toujours boire de la tequila à 4h du matin ? Compliqué. :rires:
L’an dernier, j’ai fait le Badaboum, mais en format concert. C’était marrant, parce qu’il y a deux ans je lançais ce format, et maintenant je vois plein d’artistes comme Angara ou Teho qui y jouent à leur tour, ça me fait super plaisir.
Je viens d’annoncer ma tournée avec une date au Trabendo, une salle mythique à Paris. C’est un vrai rêve d’y jouer. Jouer dans ces lieux-là, c’est magique, et il faut donner tout ce qu’on a pour les gens qui sont là pour en profiter.
Quel est ton meilleur souvenir de show ?
J’en ai plein, mais je dirais que l’un des plus forts, c’est celui que j’ai fait à Biscarrosse, qu’on a tourné avec ma propre production, Aléla, avec mes potes.
On a capté le live de mon album au coucher du soleil, au bord d’un lac, entouré de 150 amis, juste venus danser.
C’était un clin d’œil à la soirée d’il y a cinq ans, celle qui m’avait inspiré « EURÊKA! ».
Tous ces rêveurs un peu fous étaient là, et on a raconté une histoire en vidéo. C’était un one shot, intégré à un festival que j’ai moi-même organisé, un truc de plus un peu dingue.
J’ai aussi adoré le Badaboum, mais honnêtement, j’ai des souvenirs marquants à chaque date. Même les clubs où il y a dix personnes, je les adore. Ce métier peut être dur. Parfois, avant un show, tu n’as pas envie de monter sur scène, tu es épuisé, mais dès que tu poses un pied sur la scène, tout change. Tu n’as qu’une hâte : jouer. C’est la magie et la chance incroyable du métier !
Quel est ton titre du moment ?
La Serenissima de Rondo Veneziano. Je l’adore.
Un artiste à découvrir ?
J’aime beaucoup Rezident qui est aussi chez Anjunadeep, Il a sorti un nouvel album il y a peu, je recommande vivement ! On se complète bien : moi, je suis un peu le soleil, lui c’est un peu la nuit. On fait souvent des B2B, et j’adore ce gars.
Quel est ton plat préféré ?
Grande question en tournée. J’ai goûté à beaucoup de choses, sauf les sandwichs d’aéroport, qui sont affreux mais passent bien quand t’as faim. :rires:
Si je devais en choisir un, je dirais la pizza. C’est simple, efficace, et tu peux y mettre ce que tu veux. Tu veux une pizza au bœuf bourguignon ? Tu peux.
Et enfin, est-ce que tu aurais un message pour ceux qui liront cette interview ? Et qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Romain Garcia pour la suite ?
Déjà, merci à tous ceux qui ont lu jusqu’au bout. J’ai hâte d’avoir vos retours sur l’album !
Ma volonté est de vous apporter du bonheur, de vous faire voyager et de mettre un coucher de soleil dans vos esprits, surtout avec l’hiver qui arrive. :rires:
Cet album, on peut l’écouter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit : en festival, en boîte, dans la voiture, avant de dormir ou en allant bosser. S’il peut accompagner ces moments, alors j’aurai réussi.
J’espère qu’il vous apportera de la joie, un peu de nostalgie, et qu’il saura vous réconforter dans les moments plus tristes. J’espère qu’il fera rêver, qu’il donnera envie à certains de faire de la musique, et qu’il leur fera trouver leur propre “Eurekah!”.
On remercie énormément Romain Garcia d’avoir pris de le temps pour cette interview. Un grand merci à Laetitia et Kidding Aside !
L’album « EURÊKA! » est dispo partout ! Rendez-vous en 2026 pour voir Romain Garcia en live partout dans le monde.
> Notre article complet sur l’album « EURÊKA! » de Romain Garcia <
Crédit photos et cover : @a_jsm

