[Etant donné le nombre conséquent d’informations, nous avons décidé de séparer cette étude des premiers enregistrements sonores en 5 parties pour faciliter la compréhension et que ce soit moins fastidieux pour vous. Bonne lecture ! (Les sources se trouveront dans la dernière partie)]

 

Si vous avez manqué les autres parties, voici la playlist au complet : https://handsupelectro.fr/DOSSIER

PARTIE 3 / 5

1889 – 1890

1889, Europe : 3 découvertes et anecdotes, toutes aussi fascinantes les unes que les autres

Juin

On commence avec Otto von Bismarck, le «chancelier de fer», chancelier de l’Allemagne à cette époque. Sa voix a été enregistrée sur l’appareil d’Edison. L’Américain avait envoyé l’un de ses collaborateurs, Adelbert Theodor Edward Wangemann (retenez son nom, on va le recroiser souvent), en Europe pour recueillir les propos de célébrités de la politique et du monde musical, afin de faire de la publicité pour sa découverte.

Otto von Bismarck

Otto von Bismarck (1815 – 1898)

Pour cet extrait, tendez bien l’oreille à 50 secondes, vous allez reconnaitre un hymne du 18eme siècle qui vous est très familier.

Vous l’avez reconnu, c’est évidemment la Marseillaise ! Mais pas n’importe laquelle, c’est la première fois qu’une voix est enregistrée en citant ce chant, et pas par un français mais par un allemand !

La prise de son dura 1 minute et 13 secondes, puis les rouleaux d’enregistrements sombrèrent dans l’oubli. Les administrateurs de succession les avaient découverts en septembre 1957, dans les biens de Thomas Edison. Mais ils n’y prêtèrent pas attention et les versèrent aux archives où ils dormirent une cinquantaine d’années de plus, avant que le New York Times ne révèle toute l’histoire.

Septembre


Ludwig van Beethoven

Ludwig van Beethoven (1770 – 1827)

Voici peut-être l’une des anecdotes les plus croustillantes de cette investigation. C’est en effet, la première captation phonique d’une œuvre de Beethoven. Mais ce qui est incroyable, c’est que cet enregistrement intervient à une époque où plusieurs personnes ayant connu Beethoven de son vivant, faisaient encore partie de ce monde. Theo Wangemann (le représentant attitré de Thomas Edison) a encore supervisé cet enregistrement. Et c’est exactement le 13 septembre 1889 que « Romance Op. 50 » joué par un violon et un piano fut capté par le phonographe.

Vous entendrez, ici, cet enregistrement original de 3 minutes 19 secondes à 5 minutes 20 secondes. Tout le reste de la vidéo est la même musique mais dans une qualité actuelle.

 

 

Theo Wangemann laboratoire Edison

Theo Wangemann (tout à droite) au laboratoire d’Edison

Décembre


La même année, encore, et quelques jours plus tard, le 2 décembre 1889, un grand compositeur de musique classique a marqué l’histoire. C’est Johannes Brahms, qui joua la première composition de ces fameuses « Danse hongroise », enregistrée (je vous le donne en mille) par Théo Wangemann. Et malgré encore une fois la qualité du résultat, on peut quand même distinguer la voix de Brahms qui parle avant de jouer son morceau disant : « Je ne suis pas le Père Noël, je suis le Dr Brahms, Johannes Brahms ». Un souvenir à jamais encré dans l’histoire.

Johannes Brahms

Johannes Brahms (1833 – 1897)

1890, Russie : La voix d’un célèbre compositeur gravé à jamais dans les mémoires.

Vous connaissez surement ce grand compositeur de musique classique avec principalement le célèbre lac des cygnes datant vers 1877, je parle bien évidement de Tchaïkovski.

Julius Block est à l’origine de cet enregistrement sur le phonographe d’Edison de 1890. Block était un homme d’affaires russe d’origine allemande (le vieil homme au parapluie dans la vidéo). Il est devenu fasciné par le phonographe et a même convaincu Tchaïkovski de signer une approbation.

 

Piotr Ilitch Tchaïkovski

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840 – 1893)

 

Block a conservé cet enregistrement jusqu’à sa mort en 1934. Sa famille a fait don du cylindre (avec d’autres cylindres fabriqués par Block) dans une archive allemande après sa mort. L’enregistrement a été redécouvert dans les archives à Saint-Pétersbourg, en Russie en 1997, et a été étiqueté avec les noms de tous les participants dont Peter Tchaikovsky.

On peut imaginer la scène : un groupe de musiciens, chacun debout autour de cette nouvelle « merveilleuse invention », doucement encouragés à dire quelque chose. Il y a donc quelques mots de plaisanterie, des gammes musicales, des sifflements, etc., dont une grande partie est à peine audible.

Voici le contenu traduit du russe de cet enregistrement, commençant à 13 secondes :

  1. Rubinstein : Quelle chose merveilleuse [le phonographe].
  2. Block : Enfin.
  3. Lawrowskaja : Un dégoûtant … comment il ose sournoisement me nommer.
  4. Safonov : (chante une échelle incorrectement).
  5. Tchaikovsky : Ce trille pourrait être mieux.
  6. Lawrowskaja : (chante).
  7. Tchaikovsky : Block c’est bien, mais Edison est encore meilleur.
  8. Lawrowskaja : (chante).
  9. Safonow : (En allemand) Peter Jurgenson à Moskau.
  10. Tchaikovsky : Qui vient de parler ? Cela semble avoir été Safonow (Siffle).

Faisons maintenant une petite parenthèse cinéma. En effet, ce dernier a une importance capitale dans l’enregistrement sonore en donnant un repère auditif aux images qui se diffusaient devant nos yeux. Et c’est encore Edison qui est derrière cette invention.

1890, Etats Unis : La première caméra argentique

La première caméra argentique du cinéma, inventée par Thomas Edison et son bras droit, William Kennedy Laurie Dickson, le kinétoscope (sans le son) ou kinétophone (avec le son), enregistre dès 1890, les premiers films du cinéma. Il est le plus ancien dispositif de l’histoire du cinéma, destiné à visualiser les œuvres photographiques donnant l’illusion du mouvement. Les films enregistrés par cette caméra peuvent atteindre quelques minutes. Certains phonographes, puis gramophones, en préambule du casque, sont équipés de plusieurs tuyaux en caoutchouc que l’on place sur chaque oreille (les ancêtres des AirPods).

Utilisateur kinétophone écouteurs 1895

Utilisateur du kinétophone, muni d’écouteurs (1895)

L’exploitation à partir de 1893 de l’appareil est un énorme succès, accélérant dans le monde entier les recherches sur l’image animée. Cela incite notamment la famille Lumière à étudier un appareil similaire mais assurant la projection sur grand écran des images en mouvement. L’Exposition universelle de 1900 a repris ce procédé pour le premier cinéma parlant public.

kinétoscope phonographe kinétophone

Couple kinétoscope et phonographe, appelé kinétophone

On se retrouvera dans l’avant dernière partie, où il sera question de chanteurs très particuliers avec une voix assez originale. Ainsi que toutes les dernières technologies liées à l’enregistrement !

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