Nous avons eu l’occasion de faire une interview avec Habstrakt lors de son passage au Biarritz Hall Music festival et il nous a livré quelques exclus ! Habstrakt se prenant la tête dans la main droite

Salut Habstrakt, tout d’abord merci pour cette interview. Comment vas-tu ?


Ça ne va pas trop mal, c’était un bon été, bien chargé, avec beaucoup de dates un peu partout, en plus des reports de dates d’avant COVID. Quelques trajets un peu improbables mais tout s’est super bien passé. Comme tu vois je suis un peu fatigué là, mais c’est le Game !

On voulait commencer l’interview en parlant de ton dernier remix totalement fou : celui d’Acraze – “Do it to it”.

Comment est-il né ?


Je le suis en ligne depuis un moment. Nous les frenchies, on a très vite repéré Acraze. Malaa l’avait fait sortir sur une compilation Confession avec « Marco Polo» l’an dernier. Je l’ai rencontré à Orlando en avril 2021 et il a joué «Do it to it» des mois avant que ça sorte. Ce track m’est resté en tête direct. Je lui ai dit :

« Mec t’as de l’or dans les mains là, est-ce que tu veux venir en tournée avec moi ? »

Du coup, lors de ma tournée Distorted reality aux US, je l’ai mis en tant qu’opener sur 4/5 dates ! On est resté très proches et il y a un respect qui est très mutuel.

Fun fact : le soir où le track est sorti, on était ensemble dans une soirée au Texas et le club était vide. On était assis par terre sur le sol d’une chambre d’hôtel à boire les bouteilles qu’on avait ramené des loges et je lui ai dit :

«Mec tu viens de sortir LE track, demain ta vie va changer»

A la suite de ça, il a fait les remixes. Au début, je n’étais pas intéressé du tout par un remix, je me disais que tout le monde allait en faire un. Finalement, il m’a quand même envoyé les stems en me demandant un VIP. Un soir j’étais chez mes parents et j’ai écrit l’idée en 30 min, ça s’est écrit super vite ! Plus tard, je l’ai peaufiné, je l’ai joué à Boothaus et j’ai posté quelques vidéos. Ces vidéos sont devenues virales vraiment rapidement, quasiment 1 million de play sur TikTok. Je voulais garder ce remix exclusif mais on l’a finalement sorti, après avoir fait monter la sauce !

Aujourd’hui, ce remix a cassé les charts et tu es dans les tops Beatport, félicitations !

Tu as collaboré avec d’énormes artistes : Jauz, Tchami, Malaa, Skrillex, Marten Horger…. Avec quel artiste rêves-tu de collaborer ?


DJ Snake, sans aucun doute ! On se connaît bien, ça fait plusieurs fois qu’on en parle. C’est un mec qui est très précis sur ce qu’il veut, tout comme moi. On s’est envoyé plein d’idées mais tant qu’on n’a pas LE son, la tuerie du siècle, on ne sortira rien. C’est très français ça, donc il faut qu’on s’accorde !

Habstrakt et DJ Snake sur scène

Quel est le morceau que tu aurais aimé produire ?


Il y en a quelques-uns ! Je dirais « I WARE HOUSE » de Joyryde ! J’ai trouvé ce track incroyable et il fait partie de la culture. Ce son encapsule plein d’ères de la musique électronique, je le joue encore aujourd’hui et ça marche toujours !

Après, plus récemment « dashstar* » de Knock2 ! Le jour où je l’ai entendu, j’étais en pleine tournée, j’avais pas le temps de me poser au studio et je me rappelle avoir dit à mon manager « tu vois tu me fais prendre 3 mois sans faire de concert, je te fais des trucs comme ça ». Du coup, on a adapté l’agenda, calmé un peu le rythme et je suis remis à écrire. Mais « dashstar* » m’a mis une belle claque !

Tu préfères sortir des originaux ou remixer des sons ?


J’aime beaucoup les remixes ! J’aime avoir une pâte à modeler que tu transformes. A la base, je faisais ma musique à partir de samples d’acapella mais de nos jours, c’est compliqué à clearer et à sortir officiellement sur les plateformes de streaming. Donc remix pour moi ! C’est vraiment un très bon exercice, j’aime beaucoup avoir des pistes et me dire que je vais garder que ce qui m’intéresse. La preuve, quand j’ai fait le remix d’Acraze, je n’aimais pas la phrase entière donc j’ai gardé qu’un bout de la voix et c’est la petite étincelle qui fait rouler le caillou tu vois !

Lors de tes différentes tournées, tu as eu l’occasion de te produire dans les plus grands festivals du monde. Pour en citer  quelques-uns : Tomorrowland, Lollapalooza, EDC… Est-ce qu’il en reste un que tu n’as pas encore fait mais que tu veux absolument faire à l’avenir ?


Il y en a pas mal mais jusqu’ici, je t’aurais dit la mainstage d’EDC si je ne l’avais pas fait l’an dernier. Ça a changé ma vie, j’en ai eu les larmes aux yeux ! Je commence à avoir fait pas mal de lieux tu vois. Il y a des trucs aux US qui sont intéressants, un peu plus niches comme Electric Forest dans la forêt.  Mais ma réponse finale, c’est Coachella ! J’aimerais me produire avec un vrai show comme a fait Tchami cette année.

Tchami sur la scène de Coachella 2022

Comment expliques-tu le fait que de nombreux artistes français gagnent en popularité plus facilement à l’étranger ?


C’est dur de répondre à cette question sans avoir l’impression que je crache sur les Français. La France, c’est mon pays. J’adore ma culture et je suis très fier d’être français. J’ai toujours eu du mal à expliquer ce phénomène. Je pense que ça vient du fait qu’on soit très précis dans ce que l’on veut, très pointilleux : soit c’est de la merde, soit c’est fou. Il n’y a pas d’entre-deux. Cela crée une sphère où il faut toujours se mettre la pression. Couplé à ça, je pense qu’il y a aussi beaucoup de gens qui ont un souci avec la réussite, l’ambition et une jalousie se crée, comme partout dans le monde finalement. La musique c’est quelque chose de très précieux et très méticuleux, d’où aussi cette sphère où les gens qui consomment de l’art sont très demandeurs et très précis. Au final, c’est un compliment sur les Français !

Moi, j’ai arrêté de me questionner sur ce que vont penser les gens, j’ai commencé à m’ouvrir musicalement et à vraiment me découvrir moi-même !

Quel DJ / producteur émergent t’impressionne le plus en 2022 ?


IMANU, je le considère encore comme un émergent dans le sens où il est encore à ce niveau-là où il touche à tout, il ne se pose aucune limite. En plus, il a un style de ouf, il sait se saper ce qui est très important de nos jours ! L’image, tu sais ! Et il a un très gros sens de l’humour, il interagit avec ses fans. En bref tous les aspects qu’on demande d’un artiste moderne, il maîtrise !

Et Knock2 aussi, il éclate tout !

Il y a quelques années, tu as créé en compagnie de BASSTRICK et Asdek notamment le groupe Contrebande. Comment s’est-il formé ?


On était en début de COVID en mars / avril 2020 durant le confinement. Moi j’étais tout seul aux US, eux étaient en France. On se parlait tous les jours parce que moi je restais pas mal en contact avec la France. Asdek était déjà bien implanté sur Twitch et il nous a introduit dans le milieu du streaming. J’hésitais à me lancer car je suis très timide, je préfère être sur scène devant 15 000 personnes que de streamer solo depuis ma chambre sans voir les gens, ça me met mal à l’aise !

Du coup, on a créé ce collectif pour que personne ne se sente seul à la maison et on a trouvé ce nom qui nous a permis de streamer tous les 3 ensemble. On a fait des demos sessions, du gaming et du partage avec le crew. Par la suite, on a eu une offre avec JBL pour jouer dans le live stream avec qui ça s’est super bien passé ! Puis Contrebande a évolué quand Lollapalooza nous a demandé de se produire, c’était incroyable ! On a mixé toutes nos énergies ensemble et ça a donné cet énorme b2b2b ! C’est un collectif où chacun joue ses sons !

Habstrakt + Basstrick + Asdek = Contrebande

On voulait prendre des nouvelles de tes cheveux : comment vont-ils après toutes ces teintures incroyablement colorées ?


Ma femme s’amuse avec mes cheveux, elle me fait aussi les ongles ! Elle s’est découvert une passion ! Moi aussi je kiffe, même si ça me fait quelques croûtes quelquefois ! Avant, j’étais le genre de mec qui sortait de scène et allais se mettre dans la foule sans que personne me reconnaisse, bien que ma tête était sur les affiches. J’étais incognito. Et cette année, j’ai éclaté mon style ! J’ai un pantalon à fleurs, plus de tatouages, et maintenant les cheveux colorés ! J’ai un peu plus de difficultés à me cacher… Moi qui suis assez pudique, ça me fait bizarre qu’on me reconnaisse dans des lieux improbables : la gare, dans la rue, à l’aéroport… Mais en vrai, je suis content que les fans me reconnaissent et m’adressent quelques mots ! Aujourd’hui, je vais très bien et j’assume ma vie à 100% !

                       

Quel est ton POAT ? (plat of all time)


Confit de canard et pomme de terre sarladaise. J’ai acheté un cuiseur sous vide chez moi juste pour ça : 36h de cuisson sous vide puis 2h four ! J’ai toujours un peu cuisiné et ça me repose !

cuisse e canard confite

As-tu une exclusivité pour les lecteurs d’Handsup ?


Je prépare un album ! J’en ai marre des labels qui poussent à la « consommation » de musique. Ils ont perdu le sens de comment sortir de la musique. Tout est orchestré, rythmé dans la communication ! Notre musique est traitée comme du contenu et aujourd’hui, sortir de la musique, c’est devenu stérile. On nous demande beaucoup de contenu, ça ne me dérange pas d’en faire, mais ça ajoute un stress et une quantité de boulot supplémentaire, pour payer des gars dans des bureaux qui ont peut-être même pas écouté ma musique. J’ai eu ce ras-le-bol, d’où l’attente pour le remix de « Do it to it » ! Je fais ce que je veux. C’est pourquoi je bosse sur mon album qui sera auto-produit, indépendant et sur mon propre label.

Et à quoi faut-il s’attendre dans cet album ?


De tout, rien n’est formaté ! J’ai envie de montrer beaucoup plus que ce que j’ai déjà fait. Forcément, il y aura des bangers qui tâchent à la Habby mais aussi des sons qui font honneur à toutes mes influences dans la musique électronique. Des trucs mélodiques, deep, calmes, mais aussi punk, underground et audacieux. Je me sens au pied d’une montagne, je suis indécis sur plein de choses : l’artwork, le nom etc… Tous les jours, je me pose 1h et j’écris des idées. C’est venu d’un ras-le-bol et surtout l’envie de laisser quelque chose de moi de plus concret que ce que l’on fait aujourd’hui ! Le premier single avec un rappeur de Toronto sort bientôt et pour la date de release de l’album, ça viendra l’année prochaine ! Je veux me sentir accompli dans mon art sans contraintes !

Habstrakt devant les écoutes de son prochain album

On espère que cette interview vous a plu, et on remercie grandement le boss Habstrakt pour son temps, ses recettes et les réponses qu’il nous a donné. Rendez-vous très prochainement pour son prochain single !

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