A l’occasion de son Zénith de Paris qui aura lieu le 21 mars prochain, nous avons pu échanger avec Laurent Wolf, pionnier de la musique électro française. L’occasion de revenir sur la grande carrière du DJ producteur, de ses prochaines sorties, et d’en savoir un peu plus sur son prochain show qui s’annonce unique !
Bonjour Laurent, comment vas-tu ? Peux-tu te présenter ainsi que ton projet ?
Ça va super ! Alors, je m’appelle Laurent Wolf, et je suis DJ depuis l’ouverture du Queen c’est à dire 1995 – 1997. J’ai eu la chance de faire partie de toute l’épopée de la french touch en France, aux côtés de David Guetta, Bob Sinclar, Martin Solveig et d’autres DJ connus de ce mouvement. Donc j’ai été DJ très longtemps, ensuite j’ai commencé une carrière internationale quand j’ai réussi à faire les tubes planétaire « No Stress » , « Saxo » ou encore « Calinda ». Ça m’a permis de devenir plus qu’un DJ : un DJ producteur. C’est à ce moment que j’ai pu jouer à travers le monde grâce à ces tubes.
Ensuite lorsque le COVID est arrivé il y a quelques années, j’ai profité de cet arrêt des festivités pour me lancer dans l’image. Et là, j’ai voulu aller un peu plus loin dans ma carrière de DJ. C’est-à-dire ne pas mixer simplement l’audio, mais mixer de la vidéo en même temps. C’est de là qu’est venue l’idée du show qui fera sa première le jeudi 21 mars 2024 au Zénith de Paris !
Tu évoques le fait de faire partie de ces lanceurs de la french touch. Qu’est-ce que ça fait d’avoir ce poids sur les épaules ?
C’était pas un poids, mais plutôt un cadeau ! Comme tous les autres DJ’s de l’époque, j’étais au bon endroit au bon moment. Au Queens, le premier club qui justement a généré ce mouvement électro en France. À l’époque, la musique électro n’était absolument pas bien vue. C’était les débuts et cette musique, on ne la connaissait qu’à travers les raves parties. Et c’est avec David Guetta, Bob Sinclar et les autres qu’on l’a vraiment démocratisé. Et aujourd’hui, elle est devenue une musique à part entière. C’est devenu un style de musique qui fait parti du panel musical qu’on peut trouver sur toutes les grandes plateformes internationales !
Donc j’ai vécu toute cette époque là, et comme je l’ai dit, c’était une chance d’être au bon endroit au bon moment ! Et dans les bons clubs aussi, parce qu’il n’y avait encore rien à Paris. C’était vraiment le premier club en France où on pouvait s’exprimer avec cette musique là. C’était le début d’une grande aventure ! En plus on a pu, en tant que français, exporter notre style musical à travers tous les autres pays du globe.
Justement, penses tu que la French Touch puisse continuer de perdurer à travers le temps ?
Elle perdure toujours, sauf qu’elle n’est plus une révolution. A l’époque quand on a eu ce mouvement french touch, les DJs étrangers les plus connus étaient déjà bien avant nous disc jockey ET producteurs. Alors qu’en France on ne l’était pas encore. On était des DJ reconnus français, mais pas des DJ producteurs. On a été un peu les derniers à faire ce mouvement ! Mais par contre on a connu un grand succès. Et puis maintenant la musique électronique française fait partie du panel de la musique internationale. Et la french touch est devenue, et fait partie, du mouvement électro, même si elle n’est plus phare comme elle l’a été auparavant.
Si tu devais faire écouter un de tes titres à quelqu’un qui ne te connaît pas, ce serait lequel ?
Je pense que tu connais la réponse. Ça serait « No Stress » bien évidemment. C’est mon titre le plus connu, et l’un des plus appréciés de ma discographie. Après il y a aussi « Saxo » et « Calinda » qui se sont bien exportés, mais ils sont plus club.
Justement, tu as marqué toute une génération avec ces titres emblématiques. Qu’est ce que ça fait ?
A l’époque j’étais pas tellement conscient de ça. C’est maintenant que je m’en rends compte ! Tous les mois par exemple, je reçois des demandes de DJ’s internationaux pour remixer ces titres là. Ça vient vraiment de partout : il y a des anglais, des autrichiens, des canadiens, des sud-américains. Et c’est avec tout ça que je me rends compte de l’impact et du côté ‘légendaire’ de mes morceaux.
Que penses tu de la musique électro actuelle ?
Aujourd’hui, contrairement à notre époque, on n’était pas très nombreux à produire de la musique. Maintenant il y a des milliers et des milliers de DJ/producteurs dans le monde entier, grâce à la facilité et la puissance des ordinateurs ; ce qu’on n’avait pas. Avec un simple ordi, tu peux être DJ et/ou producteur. Donc évidemment, on a beaucoup plus de quantité, et il est plus difficile, je trouve, de trouver de la qualité. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de qualité dans les prod’, mais il y en a tellement qui sortent que c’est plus difficile à trouver.
Cette année encore, tu réalises une belle performance Spotify avec 17,4M de streams. Un mot pour les gens qui t’écoutent depuis autant d’années ?
Déjà j’aimerai les remercier. Au lieu d’avoir un stream qui s’effondre, le mien continue de croître année après année. Tout ça sans avoir de réelles actualités, puisque je me suis concentré sur le show qui aura lieu cette année. Je n’ai pas sorti de nouvelles prod’ depuis un long moment. Mais j’ai justement quelque chose qui sort là en début d’année ! Ce sera mon prochain single, et il fera parti du show. Je suis impatient de voir si le public va suivre sur mes nouveaux titres, ou pas !
Tu as composé une B.O pour le film « The Oath Of Cyriac ». Comment s’est déroulé cet exercice ?
C’était juste avant que je décide de faire de la musique à l’image, et c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie de le faire. J’ai toujours été très cinéphile, et j’avais encore jamais composé de musique pour un docu – film. C’est-à-dire un film avec des séquences, avec des émotions, avec de la tension, de la tristesse, de l’action. Et j’ai découvert ce monde de la musique à l’image qui m’a beaucoup plu. Quand j’ai fini cette expérience, c’est vraiment là que j’ai eu le déclic de ramener ce que je viens d’apprendre dans la continuité de ma carrière de DJ / producteur, et de créer un show. Maintenant, la technologie nous permet de faire en vidéo des choses bien plus performantes, avec des capacités plus puissantes. On peut vraiment mixer l’image et le son en temps réel. C’est ma nouvelle aventure !
Tu reviens sur scène, et pour une grosse scène, le 21 mars 2024 au Zénith de Paris. Qu’est ce que ça représente pour toi ?
Pour moi, ça représente un renouveau. J’avoue que j’avais parcouru les clubs du monde entier, tous les festivals, juste en tant que DJ. Et je me sentais stagner. Stagner à faire ce que je savais très bien faire, mais c’est tout le temps la même chose. Là, je vais retrouver une nouvelle forme de mix, et de technologie, car je ne vais pas mixer avec les platines DJ’s classiques. Là ce sera vraiment un controleur que j’ai créé pour pouvoir mixer le son et l’image en même temps. C’est ce qui m’a donné un souffle nouveau, et refaire ce que j’aime faire, avec un engouement de nouveau-né.
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Et tu penses le renouveler à l’avenir ?
C’est une première aventure qui pour le moment prend encore beaucoup de temps ! La post-prod vidéo pour faire de la synchro à l’image, c’est pas quelque chose de préparé. C’est vraiment un DJ set, où dès que je vais toucher un bouton en live, toute l’image et la scénographie vont bouger en temps réel pendant le spectacle. C’est quelque chose qui n’existe pas. On fait ça en équipe, et il y a encore beaucoup de travail avec la post-prod, la synchronicité avec les jeux de lumière, et avec les intervenants. Parce que oui, il y aura des artistes sur scènes : des chanteurs, un saxophoniste, des robots géants, … Ca va au-delà du club !
Compte tu repartir en tournée suite à cette date ? // tu penses le dupliquer sur d’autres scène ?
Bien sûr ! L’idée c’est de continuer ce show à travers une tournée nationale, voir même internationale si les portes s’ouvrent à ce niveau là. On voit encore aujourd’hui en créant ce show, avec l’évolution actuelle des technologies, qu’on arrive à avoir des séquences qui sont de plus en plus qualitatives, et qui fonctionnent vraiment bien avec le son. On se sert d’ailleurs beaucoup de l’intelligence artificielle pour nous aider dans les animations vidéos.
Après un retour sur scène, et plusieurs singles en 2022, peut-on espérer un album ?
Oui c’est prévu, bien sûr ! Pour le moment j’ai quelques singles qui sont prêts, dont le premier single qui sortira prochainement, comme évoqué juste avant. Évidemment, mon envie c’est que les singles ne soient plus juste des ‘singles’, mais soient des chansons en corrélation avec le show vidéo immersif.
Tu travailles beaucoup avec Anton Wick. Comment ça se passe au studio avec ?
Avec Anton, on travaille ensemble depuis les débuts. On se connaissait déjà avant « No Stress », et on bossait pas mal à deux. En fait, on est toujours ensemble aujourd’hui, parce que c’est une personne extraordinaire qui est vraiment passionnée, comme moi. Mais il ne me ressemble pas au niveau musical. On fonctionne tous les deux très bien ensemble parce qu’on est complémentaire. Il aime une partie de la prod’ qui n’est pas forcément ma préférée, et moi j’aime faire l’autre partie qui pour lui n’est pas forcément ce qu’il aime faire.
Quel est ton meilleur souvenir de scène ?
Mon meilleur souvenir de scène… C’est toujours difficile ! Je répond souvent de la même manière à cette question, mais le plus impressionnant c’est la plus grosse scène que j’ai faite, au Québec. Il y avait 200 000 personnes, pour les 400 ans du Québec. A l’époque de « No Stress », je faisais des festivals qui allaient de 15 à 26 000 personnes. Mais là quand j’ai fait celui-là, j’avais jamais vu 200 000 personnes devant moi, et c’était quelque chose d’incroyable !
Toi qui est de la génération de l’album, penses-tu qu’il soit toujours nécessaire pour un artiste de sortir des albums ?
Je ne pense pas. En tout cas moi je ne ressens pas la nécessité forcément de sortir des albums. D’ailleurs je vois beaucoup d’artistes, en tout cas dans la scène électronique, qui maintenant sortent single après single. Et lorsqu’il y a en a un qui cartonne, ils réunissent des nouveaux morceaux, avec des anciens, et ils en font un album.
Et plus généralement, que penses tu de la consommation actuelle de la musique ?
Comme je le disais tout à l’heure, la vraie difficulté c’est la quantité. Il y a beaucoup beaucoup beaucoup de titres qui sortent. Le mieux, c’est de créer des playlists personnelles, dans tous les styles de musique (jazz, pop, électro). C’est la caverne d’Ali Baba un peu, il faut passer des heures ! Je le vois lorsque je fais mes sets, car je continue de mixer. Quand je prépare et que je cherche des nouveautés, je prend beaucoup plus de temps qu’avant. Il y a énormément de morceaux à écouter, et il y a des pépites cachées dans tout ça.
Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ? // Un artiste à nous conseiller ?
En terme de musique, je me promène pas mal du côté de la scène House – Electro. J’aime beaucoup aussi les rework disco et des années 80-90, remis au goût du jour, de façon intéressante. Des fois c’est même mieux que la version originale !
Côté artiste, mon coup de cœur du moment c’est Worakls. Si j’ai l’occasion, j’adorerai le voir sur scène !
Tu es un vétéran du domaine, avec plus de 20 ans de carrière. Un conseil pour les nouveaux artistes ?
Je pense qu’il ne faut pas, surtout aujourd’hui avec le nombre de production qui sort, prêter attention aux autres. Il faut suivre son chemin, et suivre son style sans copier ce qui fonctionne ailleurs. On trouve beaucoup de ce que j’appelle de la « musique au mètre » : tout le monde va faire ce que tout le monde fait. Je pense que si on veut sortir du lot, il faut garder sa personnalité, croire en ce qu’on fait, et le faire avec du cœur et de la passion, et en général, ça fonctionne !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Le plus grand succès possible et imaginable, pour que je puisse continuer à m’amuser ! Depuis que je rajoute l’image à mes prod’, quand je fais du son je fais l’image avant le son. J’imagine un univers graphique, et après je fais un titre en fonction de ça. En fait, je produis à l’envers de ce que je faisais avant, où il fallait faire un clip en fonction du hit, et maintenant je fonctionne à l’envers, et je trouve ça super intéressant et peut-être même plus créatif !
Pour finir, aurais tu une exclue pour nos lecteurs ?
L’exclu, c’est justement le show de mars prochain. On commence à teaser dessus, et il y a beaucoup de gens qui pensent que c’est simplement une soirée DJ au Zénith. Non non, c’est vraiment quelque chose de nouveau et particulièrement avec tout ce qu’on a cité plus tôt. Et je souhaite évidemment que ça ne soit que le début d’une superbe expérience !