Au CODA Festival, Hands Up a pu rencontrer Myd, producteur labellisé chez Ed Banger. Nous avons pu discuter avec lui de Club Cheval, de sa relation avec Busy P ou encore de sa résidence au Rex Club, voici Myd à travers 10 questions!
Hands Up : Pour commencer, comment as-tu crée ton nouvel EP « Superdiscoteca » ?
Myd : Alors « Superdiscoteca » c’est un peu particulier. J’avais déjà fait « All Inclusive », ma première aventure chez Ed Banger, qui était devenu un peu la carte de visite de ma carrière solo! Ensuite j’ai fait « Muchas », qui couvrait les 2 parties extrêmes de la pop et de l’électro. Du coup après ces 2 EP’s, j’ai beaucoup tourné. J’ai fait 6 mois de clubs, et j’avais besoin de jouer mes propres morceaux en club, et aussi de retranscrire un peu ce que je jouais là bas. Les semaines où je jouais pas, je faisais des sons chez moi. Et évidemment quand tu joues en club, bah… tu veux faire de la musique de club! « Superdiscoteca » c’est donc un mélange de disco, italodisco et house, et ça raconte un peu l’histoire de Myd dans les clubs!
La musique et toi, ça a commencé comment ? Ça t’es tombé dessus ou t’as toujours voulu en faire ?
La musique ça te tombe dessus souvent avec l’ennui, comme pas mal de passion. La vraie source de mon début dans la musique, c’est quand j’ai été dans le sud de la Pologne pour mes vacances d’été. Donc il faut savoir que là bas, c’est de la marche en montagne toute la journée! Le problè… Enfin ce qui est bien justement, c’est qu’à 14 ans, tes vacances là bas, tu veux tout faire SAUF de la marche à la montagne. Heureusement, mon père avait un vieux PC et des logiciels de son hyper rudimentaires. C’est là où j’ai commencé à me dire : « La musique que j’écoute, je peux peut-être la reproduire! ». Dans mon cas, c’est donc l’ennui qui m’a poussé dans cette passion.
Récemment on a pu voir sur les réseaux sociaux un retour de Club Cheval! A quoi doit-on s’attendre ?
Club Cheval, y’a eu une pause. On a passé beaucoup de temps ensemble, on a fait 1 album, presque 2 ans de live partout dans le monde. Et en ce moment on est tous très occupé, sauf qu’il y a eu un truc assez drôle, que peu de gens ont vu en Europe. On a fait un morceau pour une star chinoise. Très grosse star, c’est l’équivalent de Rihanna en Chine. Et elle est fan de Club Cheval. Pourquoi, comment, on ne sait pas. Du coup elle nous a contacté en disant qu’elle aimerait qu’on produise ses prochains morceaux. Et bien sûr, on est tous excités par les nouveaux projets.
Donc on a dit oui, et on a composé une vingtaine de morceaux, elle en a choisi 3, puis gardé 2; mais c’est souvent comme ça dans la musique! Peu de gens sont au courant ici, car on n’a pas trop communiqué dessus : le morceau est très pop, et on voit pas trop l’intérêt de relancer un truc sur Club Cheval. C’est plus pour faire un clin d’œil aux vrais fans! Mais il faut savoir que Club Cheval, en Chine, c’est en train d’exploser. Et on va peut-être aller faire des lives avec elle!
Il représente quoi pour toi le label Ed Banger?
A la base, Ed Banger, avant que j’y sois, c’est un label légendaire français. Avant j’allais aux soirées Ed Banger, en 2007 j’ai vu les Daft Punk à Bercy, j’avais acheté le vinyle de « We Are Your Friends »! Dans mon histoire musicale il a donc une place assez imposante! Ce label m’a touché et inspiré. En plus je pense aussi qu’il m’a toujours inspiré à faire de la musique de manière familiale.
Quand j’étais plus jeune, j’avais un groupe à Lille Sexual Earthquake In Kobe (à découvrir en cliquant ici), on en parle plus trop parce que c’était électro/rock, et c’était méga familial! Après y’a eu Club Cheval, et est-ce qu’en fait, Club Cheval n’est pas un peu calqué sur Ed Banger? C’est à dire famille, on est 4 potes, et tous potes avec nos ingés son et tout! Donc je me demande si Ed Banger n’a pas insufflé à la musique française cet esprit de famille. C’était donc naturel pour moi d’aller signer là bas! Et j’ai presque eu l’impression de retourner aux sources. Ça doit être pour ça qu’on s’entend trop bien avec Pedro (Busy P) et les Justice, c’est comme si on avait toujours été potes!
Justement en parlant de Busy P, tu as pu faire un B2B avec lui à Solidays cet été. Tu penses quoi de ce format prestation?
Le B2B c’est vachement piège, parce que tu joues moité moins de morceaux. Donc si ton set dure 1h30 ou même 1 heure, il faut se rendre compte que tu joues moins de 10 morceaux. Et c’est rien en faite. Si je te dis : « Vas y prends 8 morceaux pour une fête! », tu vas prendre des titres que tu aimes, d’autres pour t’adapter à ceux de ton partenaire, ceux qui vont avec la fête… Et c’est galère, alors qu’on peut penser que c’est plus simple! Et d’un autre côté j’y suis aussi habitué avec les Club Cheval. L’avantage avec eux, c’est qu’on connaît le contenu sur chacune de nos clés, donc pour jouer ensemble c’est plus facile! Et on peut se permettre de se faire des petites blagues pendant le set aussi!
Mais le Back2Back, avec certains artistes, ça peut s’avérer plus compliqué! Avec Boston Bun par exemple (au Touquet Music Beach Festival), c’était hyper cool, mais on se connaissait pas vraiment. En fait, je compare un peu la musique au cul. Si tu baises avec ta meuf avec qui t’es depuis 10 ans, tu sais que ça va être bien, mortel et tout. Mais si tu baises avec une meuf pour la 1ère fois, bah tu peux rester sur ta faim. Comme Boston Bun avec qui j’avais jamais joué, là au Touquet on était sur la Mainstage, avec Kungs et Feder derrière, donc y’avait un gros enjeu! Et en ressortant on a beaucoup parlé, et on était pas méga content du truc. D’ailleurs on a pu voir Etienne De Crécy, et lui il n’accepte jamais de B2B, car justement ça représente trop de stress, et de pression. Et il a peut-être raison dessus!
Tu vas bientôt entamer ta résidence au Rex Club. Qu’est-ce que ça fait ressentir au jeune lillois qui est devant moi?
C’est juste trop bien. Je suis vraiment trop heureux. T’es forcément un peu plus concentré avec le travail, mais ça n’empêche pas de ressentir une excitation par le fait de commencer à toucher du doigt des trucs qui sont légendaires. Le Rex Club c’est Laurent Garnier, toutes les légendes de l’électro, un lieu mythique quoi! Ça fait longtemps que je pense à une résidence, mais je savais que j’avais pas les épaules pour tenir le truc. J’attendais le bon moment car une résidence c’est deux choses : Tu mets ton nom en avant, donc il faut qu’il soit suffisamment gros pour faire venir des gens. Mais aussi pour faire booker d’autres artistes. Il faut leur dire « Vous venez mais vous êtes pas la tête d’affiche. Vous jouez avec Myd et c’est sa soirée ». Mais du point de vue du lillois c’est « Ok, super. C’est le début du travail! ».
Est-ce qu’il y a un artiste qui t’as inspiré dans le long de ta carrière?
Y’en a pleins bien sûr! Musicalement beaucoup, du rock indé à la techno tu vois. Je suis quelqu’un qui a toujours des écouteurs dans les oreilles, j’écoute toujours de la musique. Mais ce qui est important c’est dans l’attitude de l’artiste.
Un mec comme Brodinski par exemple, il m’a beaucoup inspiré dans l’attitude, autant sur scène que la manière de ce comporter avec les gens. Être hyper sympa, de jamais prendre la grosse tête, être gentil avec tout le monde. C’est hyper important, parce que j’en ai vu des DJ’s qui, dès qu’ils ont leurs 3 dates, ils disent plus bonjour, et ils s’intéressent pu aux autres. Et ils sont cons. C’est pas seulement une histoire de politesse et savoir vivre, c’est surtout que si tu parles pas au mec qui est là et a l’air un peu timide, tu passes à côté d’une bonne histoire, d’une blague, ou d’une inspiration. Et Pedro il est pareil, c’est un truc incroyable! Lui s’il a déjà joué à un endroit, même y’a 5 ans, il va se souvenir du nom du mec et lui dire. La musique électronique c’est ça, de l’amour, du respect et du kiff. Y’a aussi des artistes qui vont arriver en club 5 minutes avant de jouer, et partir direct à la fin. Moi je peux pas, et c’est grâce à des Brodinski ou Pedro que je suis comme ça (en plus de ma nature de base bien sûr).
Tu as un rituel avant de monter sur scène?
Non j’ai pas de rituel, je reste concentré quoi. J’essaye d’être dans un truc fun tu vois. J’adore la fête, du coup je viens souvent longtemps avant, pour faire la fête justement. Je veux sentir la vibe tu vois! Après ça m’arrive de perdre ton mon fun genre 2 minutes avant, mais vraiment quand c’est des gros gros trucs. Comme Solidays par exemple, dès que tu as genre 10 000 personnes t’es genre « Attends, je vais refaire un point avant de commencer. Où je suis, avec qui je suis, je joue où? ». Car oui ça reste le travail et il faut assurer quoi!
Quel est le son dont tu es le plus fier?
« The sun » direct. C’est un morceau qui synthétise pleins de trucs que j’aime. On savait pas que ça deviendrait un morceau aussi gros aujourd’hui, et qui a pris une telle place dans la vie des gens. Enfin je dis « on », parce qu’il y a une équipe derrière le titre, même si je reste le chef d’orchestre. J’ai absolument rien contre le fait d’être à plusieurs en studio!
« The sun » symbolise une période de ma vie. C’est un morceau charnière qui a un peu changer ma vie et ma manière de penser en studio. Et en même temps il est pas si simple que ça! Les accords sont un peu bizarres et compliqués, et difficiles à jouer à la guitare. Et en même temps les gens l’adorent. Du coup il représente toute la musique que j’aime! J’adore la musique française, genre Michel Berger. C’est un truc de technicité et mélangé à un truc d’émotions hyper fortes. Fortes dans le sens où ça te touche. Et quand je fais ‘play’ sur « The Sun » y’a c’est 2 trucs qui se mettent en route en même temps, et je suis trop fier de ça.
Ça te fait quoi de savoir que ta musique puisse inspirer des gens?
J’suis trop heureux. Moi je reviens 1 fois par an à Lille, et quand y’a des mecs qui viennent me voir après mon mix (à la Gare Saint Sauveur) pour me dire « Ah ouais tu nous inspire trop ». Ça paraît rien, un peu des phrases clichées sur la musique, mais ça te touche forcément. Les gars ils ont 15, 16, 17 ans, déjà je me rend compte que j’en ai 32 et on a plus de 10 ans d’écart, mais surtout je revois le moi de 22 ans. Et souvent c’est des personnes qui ont vu que ma carrière a mis du temps, et ils ne voient pas que les succès. C’est le fait que quelqu’un voit que tu ais mis plus de 10 ans pour remplir une salle.
Aujourd’hui on montre surtout les succès très très rapide. Du coup y’a pas de story-telling derrière une carrière. Quand on dit « Angèle a mis 6 mois pour passer de chez elle à un zénith rempli », ça peut être décourageant pour certains artistes. Mais c’est pas vrai, Angèle elle a bossé longtemps, elle a eu sa famille, donc c’est une personne très méritante! Il faut juste attendre un « Alignement des planètes », du genre sortir le bon morceau, au bon moment. Mais il faut réaliser qu’il y a beaucoup de travail derrière chaque artiste. Tu regardes les premières vidéos de Stromae, Orelsan ou même mes premières vidéos, tu vois l’évolution de chacun, et ça c’est ouf.
Une rencontre très intéressante avec Myd, que l’on remercie infiniment, et l’équipe du CODA Festival (Bondues) pour son accueil. Et on espère bien sûr que l’interview vous aura autant captivé que nous!