À l’occasion de la sortie de « République Électronique« , nous avons pu réaliser l’interview de Dombrance. Cet échange a donc été l’occasion parfaite d’évoquer ses influences, sa créativité … et l’avenir du projet !
Après un départ en solo, tu as longtemps fonctionné en groupes ou collectifs comme avec Brooklyn et DBFC … Qu’est-ce qui t’as motivé à reprendre l’aventure en solo ?
Au départ je n’avais absolument pas la volonté de partir en solo. Le projet m’est tombé dessus comme ça (le fameux jour où j’ai eu une hallucination auditive avec mon synthé qui me disait « François Fillon, c’est François Fillon« ) j’ai eu une vision clair de ce que je voulais faire mais je ne pouvais pas la partager. C’était une vision très personnelle. Je voulais aller à fond. Sans concession. Et puis très rapidement j’y ai pris goût. Être seul en scène, partir parfois seul sur la route. Ça me manque parfois de collaborer, notamment avec mon acolyte David Shaw mais j’ai gagné en liberté. J’ai l’impression d’être devenu un artiste alors qu’avant j’étais un artisan. J’ai trouvé un projet où je me sens bien, où je peux m’exprimer. Ça m’a pris 20 ans pour trouver ma place.
Avec les singles précédents et maintenant ce disque, tu arrives à conjuguer rigueur électronique et pop colorée. Quelles ont été tes influences dans l’élaboration de ce projet ?
Je crois que j’ai un besoin maladif de trouver un équilibre entre une musique qui accroche l’oreille tout en étant exigeante. J’ai toujours été fasciné autant par la pop la plus efficace que par la musique expérimentale.
Sur cet album j’avais une chronologie à respecter. Je me suis amusé à placer des ingrédients sonores de chaque époque. L’orgue et les timbales sur « de Gaulle« , le côté yéyé de « Pompidou« . L’arrivée de la techno sur « Chirac« . C’est subjectif évidemment mais c’est un jeu qui m’a beaucoup plu. Et qui je l’espère va marcher avec les clips de l’INA.
On a pu t’entendre à la salle Wagram, et on pourra te voir tout cet été en tournée ; comment s’articule ton setup en live ?
Mon setup est simple. J’ai un contrôleur, deux sh 101 avec plein de pédales et un clavier midi pour faire des accords. Ça me permet de voyager seul quand je le veux ( concerts à l’étranger, j’irai jouer chez vous…) avec des vidéos derrière moi (visuels d’Oliver Laude animés par Jean Baptiste Brégon) quand c’est possible. Je suis en mode tout terrain. A fond devant 50 ou 10 000 personnes.
Lorsque tu composes et conçois tes morceaux, as-tu en tête leur futur rendu en concert ou cela vient-il dans une deuxième étape ?
Sur ce projet, je compose avec mon set up live. Ça limite ma production mais ça me permet de créer ma patte et de ne pas avoir de mauvaise surprise quand je passe en mode concert. Jusqu’à maintenant ça m’a donné un cadre très utile.
Tu t’es allié dans ce projet avec l’INA. Comment cette collaboration s’est-elle déroulée ?
J’ai rencontré Bertrand Maire (directeur de la communication à L’INA) en juillet dernier lors du festival Inasound qu’il a lui-même créé.
Après mon concert, il m’a demandé si ça m’intéressait de faire un projet autour élections de 2022. C’est lui qui a eu l’idée de la République électronique. Je lui ai répondu oui direct. J’ai proposé le soir même de faire tous les présidents de la 5ème. Une BO de 58 jusqu’à aujourd’hui. L’idée de pouvoir cliper tout l’album avec des images d’archives était très excitante. Ça m’a permis de me détacher des personnalités et d’imaginer une fresque autour de la république électronique. La France qui danse, l’arrivée des clubs, des raves, les évolutions technologiques pour le meilleur et pour le pire.
Quelle est ta relation à la musique électronique française, que ce soit les pionniers (Henry, Boulez, Schaeffer, Jarre …), la scène 90’s/2000’s « French Touch » ou la scène actuelle ?
Mes premiers souvenirs c’est Jarre. Avec tous ses synthés, les concerts géants etc…mais le premier artiste français qui m’a vraiment touché c’est Laurent Garnier. On écoutait un peu de techno avec mes potes (Underground Resistance…) et puis y a eu « Wake Up« . Après ça on écoutait tout ce que Laurent sortait avec Scan X également (« Crispy Bacon » reste pour moi le plus grand morceau de techno française). Et puis après il y a eu toute la French Touch (Daft Punk, Air, Superdiscount, Cassius…).
J’ai un peu décroché de la musique électronique entre 2000 et 2004. Puis en 2005, j’ai découvert le Pulp. J’ai pris une grosse claque. L’electro clash, la minimale, Chloé, Jennifer Cardini, Kompakt, Superpitcher… j’ai replongé dedans.
Aujourd’hui j’aime les David Shaw, Bad Knife, Damon Jee, Tim Paris…
En quoi la politique t’inspire-t-elle pour exercer ton art ?
Je ne sais pas si on peut dire que la politique m’inspire. Ce qui m’inspire aujourd’hui c’est comment la musique peut dépasser la politique. Comment l’art en général peut donner un sens à nos vies. Je crois que nous vivons une crise idéologique et que ni la politique, ni la religion ne répondent à nos questions.
En revanche je crois que la musique, qui peut être intemporelle, trans générationnelle, immortelle, fruit d’un métissage constant, peut nous sauver. En tout cas moi elle m’a sauvé. Il y a dans l’histoire de la musique tellement de choses qui t’amènent vers la tolérance. L’idée d’être un humain avant tout. Si tu t’intéresses à tous les mouvements (jazz, rock, punk, house, rap, techno…) c’est une énorme leçon sur nous mêmes.
Et puis finalement ce qui m’inspire le plus ce sont les autres. Je me nourris des rencontres que je fais et je pense souvent aux gens quand je compose. Je les imagine danser. S’émouvoir. La recherche d’une connexion qui ne passe pas par la parole mais par la musique. Une certaine forme de pureté.
Et enfin, quel est l’avenir pour Dombrance ? Qu’as-tu de prévu pour les mois à venir ?
D’abord profiter à fond de la tournée. Les deux dernières années ont été tellement dures que chaque concert est pour moi un petit miracle. Après on verra bien 😉
Si cette interview de Dombrance vous a plu, nous vous recommandons chaudement d’écouter « République Électronique« , son nouveau disque ! Puis vous pourrez le retrouver en tournée partout en France et à l’étranger cet été, puis le 05 Octobre prochain à la Gaité Lyrique !