Lors du Plein Air Festival, on partait à la rencontre de Mokado, pour une interview. Le producteur s’est ainsi livré à nous sur différents sujets, comme son album “MASKOJ“, de son inspiration, ou encore de ses futurs projets. Il a également répondu à la question existentielle : la carbonara, avec ou sans crème ?

Photo : John Bridged Photo

Bonjour Mokado, comment vas-tu ? Peux-tu te présenter ainsi que ton projet musical ?


Ca va très bien ! Je suis super content d’être aujourd’hui dans le Nord pour le Plein Air Festival, même si ça ne fait pas si longtemps, puisque je suis passé à la Cave aux Poètes à Roubaix en mars. Donc très content de revenir ! Sinon je m’appelle Mokado, je suis un producteur de musique électronique, et plus précisément de Techno Melodic. Le projet a démarré en 2018 !

Si tu devais faire écouter un de tes titres à quelqu’un qui ne te connaît pas, ça serait lequel ?


Je pense que le meilleur serait “Afe“. C’est le titre le plus écouté de ma discographie, et je pense qu’il résume bien le mélange des influences que je peux avoir.

Récemment, tu as sorti ton album “MASKOJ“. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ?


C’est un travail, qui n’était pas évident parce que c’est le deuxième album. Quand t’en as sorti un premier, on peut dire que c’est un peu du hasard ou de la chance. Le deuxième, il faut concrétiser on va dire. Et je suis très content parce que j’ai réussi à garder une certaine fraîcheur en le faisant, et je n’ai pas été dans un état d’esprit à tout réfléchir. J’ai réussi à avoir une part de réflexion, et dès que je suis rentré en studio, avoir une part de lâcher prise. Et donc je suis très content, parce qu’il arrive à un point nommé du style que je voulais faire à ce moment là. “MASKOJ” est un bon marqueur dans le temps du son que je voulais faire en 2023 !

“MASKOJ” est toujours disponible !

Et dessus, quel titre tu préfères ?


Je pense que c’est “TENGU” et “TAPU ANU“. C’est deux titres qui n’étaient pas évident à faire. Je suis content de les avoir amenés là où ils devaient être naturellement.

Deux ans auparavant tu sortais “Marius”. Es-tu satisfait des retours sur ce premier album ?


Le premier album pour moi il était vraiment là pour poser les bases. Je pense que les retours étaient un peu plus mitigés. Comme c’est le premier, il y a une forme un peu plus juvénile dans la façon de faire de la musique. Je pense qu’il est un peu trop à fond, et donc évidemment la façon dont il a été vu a été moindre que le deuxième album. “MASKOJ” est plus abouti à mon sens. Par contre il avait du sens d’être fait à ce moment là. Donc je ne regrette pas de l’avoir fait. Mais oui, les retours sont plus importants sur le deuxième. “Marius” était un peu moins lisible, peut-être un peu trop grandiloquant.

Pourquoi tu favorises le format album ?


Pour deux raisons ! La première, c’est parce que j’adore en faire. C’est purement égocentrique ! J’ai grandi avec des albums, je continue à écouter des albums entièrement. Si je rentre dans l’univers d’un artiste, j’ai envie d’écouter ses albums pour aller plus loin. La deuxième raison, c’est que l’album, c’est une belle façon d’amener une idée le plus loin possible. Un album, c’est comme un film : ça permet de raconter les choses de façon longue, et donc avec plus de nuances. Dans un projet court, on va directement à l’essentiel. Il y a quelque chose d’intéressant à “prendre le temps“. En 40 minutes t’as beaucoup de choses à raconter, alors que sur un format 15/20 mins beaucoup moins forcément.

Donc c’est un plaisir à faire, et c’est naturel dans mon projet, qui est là pour raconter des histoires.  Après pour les albums, j’ai des gros concepts dessus, donc ça me prend beaucoup de temps, mentalement c’est très fatiguant. J‘aime bien avoir des EP’s entre les deux, pour me faire plaisir et faire des choses justement sans trop réfléchir. Et justement, c’est agréable de jongler entre les deux !

Qu’est-ce qu’on ressent quand on sold-out La Maroquinerie 3 semaines avant le show ?


C’est une belle performance, surtout dans les conditions d’après CoVid. La scène est revenue rapidement, et on a vu en parlant avec d’autres gens du milieu que dans la scène électro, ça fluctue beaucoup en fonction de l’artiste. Donc j’ai beaucoup de chance d’avoir un public qui continue de venir, et qui est resté présent pendant la pandémie. Je trouve que c’est une belle reconnaissance pour mon album, et pour le public qui prend du plaisir à venir. J’espère qu’ils seront autant présents au Trabendo pour clôturer “MASKOJ” !

C’est important d’accompagner tes morceaux par des clips ?


Ce n’est pas primordial. Mais il y a des morceaux où je ressent le besoin de raconter les choses de façons différentes. Je pense que des fois, la musique ne peut pas se suffire à elle-même, et qu’il faut la raconter avec d’autres gens. Je vois plutôt les clips comme des partenariats avec des gens que j’apprécie, des réalisateurs que j’aime bien. Et si je vois qu’ils ont une bonne idée, ou quelque chose qui me plaît, je trouve ça cohérent d’y aller, parce qu’ils apportent une seconde voir une troisième lecture de ma musique.

Après ça n’est pas toujours déterminent. On sait maintenant que dans le monde de la musique, il faut du visuel. Donc je le fais, mais des fois j’ai des images dans ma tête et ça me suffit. Mais je sais qu’un clip ça sert à amener de la lecture. Et en tant que personne qui gravite dans le milieu artistique, je suis content aussi de donner mes objets artistiques à quelqu’un d’autre, qui va les traiter d’une autre façon.

D’où tu puises ton inspiration ?


De pas mal d’idées de merde. En fait, je note énormément de choses qui pourraient être cohérente avec mon projet dans mon carnet ou sur mon téléphone. Dans ce carnet, il a y majoritairement des idées de merde. Après, je les confronte avec des gens, et à un moment il y a une bonne idée ! Cette idée je vais la tirer, et me rendre compte qu’elle ne va pas assez loin. En gros elle ne tient que sur 2 titres, et pas un album complet. Donc je reviens en arrière, je recommence, je continue, … C’est un processus assez long. Je passe plus de temps à réfléchir qu’à faire de la musique !

Sur l’album “MASKOJ“, j’ai dû faire musicalement l’album en 6 mois, mais j’y ai réfléchis pendant 1 an et demi, sans toucher à une note de musique. C’est un moment où je me dis juste :

“Ah mais non je ne vais pas faire ça. Mais si la pochette est comme ça, ça n’a pas de sens, donc le style musical ne fonctionne pas !”

Je sais que j’arrive à composer quand je sais où je vais, sinon c’est très compliqué d’arriver le matin et me mettre devant mon ordi. Sauf si c’est pour composer pour d’autres. Mais pour mon projet Mokado c’est très compliqué !

Qu’est ce que tu penses de la consommation de la musique de nos jours ?


C’est compliqué. D’un côté, j’ai mon côté un peu vieux con qui trouve que la musique est consommée de façon un peu difficile actuellement. Et en même il y a de très bonnes choses dedans ! Donc c’est très compliqué. Dans tous les cas, je pense qu’il faut être mesuré en tant qu’artiste, parce que c’est compliqué d’avoir un recul énorme dessus. Ce qui est sûr, c’est que je me rends compte qu’il y a beaucoup de gens qui me disent ne connaître qu’un de mes titres, et ne vont pas plus loin, c’est un peu dommage. Mais en même temps, ces gens là se déplacent au concert ! Donc d’une certaine façon, tu sens que ça aide à faire venir au concert. Mais en même temps les gens connaissent moins ta discographie. Aussi, d’autres personnes vont continuer à streamer l’album, parce qu’en France on a cette culture de l’album, ce qui fait qu’on a plus de notoriété quand on sort un album.

Il y a un truc que je trouve assez drôle comme style musical, c’est ce qu’on appelle le “speed-up“. Ca fait un peu connard de dire ça, mais ça fait très jeune d’écouter de la musique comme ça. Et en même temps, je m’y suis mis un peu. En fait, j’aime bien l’idée qu’il y ait pleins de nouvelles façons d’écouter de la musique ! Je trouve ça génial d’écouter sur les plateformes, je trouve ça génial d’écouter en speed-up, je trouve ça génial les remixes, .. Ce qui importe, c’est que ça ne devienne pas la norme.

J’écoute énormément en stream, mais à côté je monte une collection de vinyle. J’avais un artiste dans ma playlist, et au bout de 10 ans je ne le retrouvais plus. Je me retrouve à demander à mes potes “C’était quoi déjà le nom du groupe ?!“. Et ça me soule d’oublier ! Alors qu’un vinyle, tu ne l’oublies pas. Après l’essentiel, c’est que ça reste de l’art. Et ce qui est sûr, c’est qu’il faudrait que les artistes soient mieux payés.

C’est quoi la collab’ dont tu rêves ?


Il y a des espèces de fantasmes, mais finalement je ne sais même pas si je serai heureux de les faire. J’avoue que demain, je produis un nouvel album avec Daft Punk, s’ils reviennent, sur le papier trop bien. Mais est-ce que je le sentirai vraiment ?

Il y  a un artiste, un italien, dont je saigne tous les titres. C’est See Maw, j’écoute tout ce qu’il fait, et juste de le rencontrer ou discuter avec lui et essayer de collaborer, j’aimerai trop. Après j’ai pleins de noms qui me viennent, mais là c’est vraiment un des gars que j’aimerai contacter. Parce que j’ai du mal à être dans l’imaginaire, et ce qui n’arrivera jamais ! Là je disais Daft Punk, mais la vérité c’est que ça n’arrivera jamais. Alors qu’il y a des artistes où je sais que si je leur écrivais, ça pourrai se faire, et ça ça me plaît ! Ce côté palpable me plaît énormément.

by Lille La Nuit.com

C’est quoi ton plat préféré ?


C’est les spaghetti carbonara. J’adore ça, j’en fais tout le temps, et j’en mange un peu moins maintenant car ça commence à me faire grossir, mais avant j’en mangeais toutes les semaines depuis 3 ans ! J’ai testé toutes les façons de les faire, toutes les formes et marques de pâtes, pour ceux qui s’y connaissent un peu on met pas des lardons mais de la guanciale, qui est de la joue de porc italienne. J’ai testé tous les traiteurs pas loin de chez moi qui pouvaient en faire pour avoir la bonne recette. Maintenant j’ai la mienne, mes potes me la demandent à chaque fois qu’il viennent à la maison. Et bien sûr, c’est sans crème !

Une exclu à nous partager ?


On va sortir plusieurs titres inédits, et des remixes jusqu’à la fin de l’année ! Je ne peux pas en dire plus, mais ça commence à sortir à partir de septembre. D’ailleurs, je joue un titre en exclu toute à l’heure au Plein Air, que je n’ai jamais joué.

Pour terminer, c’est quoi la suite pour ton projet ?


Là c’est vraiment sur les nouveaux titres qu’on va travailler, et qui nous aide à faire pas mal de dates en 2024. Donc tournée en 2024, et faire une petite pause dans la production de musique, pour préparer un troisième album tranquillement pour 2025. L’année prochaine sera plutôt une année de concert, on va prendre le temps et ne pas trop se presser.

On tient à remercier Mokado pour cette interview. On va suivre de prêt les prochains projets du producteur. Merci également à l’équipe du Plein Air Festival pour l’accueil 💚

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