Madeon se confie à nous au travers de cette interview, réalisée au Main Square Festival en juillet dernier. L’occasion pour le nantais de nous parler de Son projet, ses inspirations, ses conseils aux jeunes producteurs… Ne ratez rien de cette interview exceptionnelle !
Hello, pour commencer peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Hugo, je fais de la musique sous le nom de Madeon depuis que j’ai 16 ans. J’en ai 28 aujourd’hui donc ça fait un moment. Aujourd’hui je suis au Main Square, c’est la deuxième fois que j’y joue la première fois c’était en 2015 et je suis super content d’y revenir !
Je fais de la musique électronique, pop, je suis DJ et en même temps je chante, j’écris aussi des chansons donc c’est un petit peu hybride !
Comment a évolué ton projet entre tes 16 et 28 ans ?
Il a beaucoup évolué car j’avais une peur phobique de l’école. Dès que j’ai pu faire autre chose et devenir musicien, je l’ai fait. C’était donc très tôt à un moment où je découvrais encore mes gouts, et ce que je voulais faire. Ca a donc beaucoup évolué. Ça a toujours été tirer le fil de certaines interrogations telles que : C’est quoi un artiste électronique sur scène ? Comment peut-on vraiment incarner le projet ?
Souvent je voyais des shows électroniques, des DJ qui se cachaient un peu derrière des tables et j’avais pas la même connexion que quand j’avais un rappeur ou un chanteur de rock… Du coup mon projet a évolué pour être un peu plus direct, un peu plus incarné avec des chansons qui parlent plus de ma vie. Sur scène je fais directement face au public. De plus, il y a une autre dimension visuelle qui a évoluée et qui a été introduite. C’est donc devenu un show en quelque sorte d’inspiration théâtrale, qui a pour ambition à la fois de créer de la musique mais aussi des images qu’on n’a pas vraiment vu sur des concerts avant.
Comment as-tu réussi à te créer ton identité, ta singularité ?
C’est marrant parce que je trouve que souvent le bon choix, c’est le choix qui est un peu interne et sincère. Quand j’étais un enfant j’étais très curieux, et créatif j’aimais beaucoup écrire, faire un peu d’animation, du graphisme, des jeux, pleins de choses, même de la magie ! Tous ces éléments se sont retrouvés d’une manière ou d’une autre, directement ou non, dans le projet que je fais aujourd’hui. Par exemple, il y a des moments dans le show où il y a des effets presque d’optiques qui sont formés par des choses que j’ai appris enfant sur des sujets complètement sans rapport. Tout ce qui m’a ému dans ma vie, que ce soit des films, des jeux vidéos, des livres, tout finit par se retrouver finalement dans mon projet.
En termes de musique, qu’est-ce que tu écoutes ? Qu’est-ce qui t’animes ?
Les grandes claques de ma vie ça a été les Daft Punk quand j’avais 10 ans. Et toujours aujourd’hui ce sont mes artistes préférés. Puis, les Beatles, ça a été un grand choc et m’a donné mon amour pour la pop, la production ainsi que des couleurs un peu plus psychédéliques. Kanye West aussi, des groupes comme the 1975, c’est des choses que j’écoute beaucoup. Je suis toujours en rotation : je me nourris en permanence de nouvelles références, pour essayer de ne pas me sentir trop restreint par un univers musical trop précis qui pourrait du coup me faire réfléchir à la musique de manière trop exiguë.
Comment produit-on un titre qui « fonctionne » ?
Je ne sais pas trop. Mais c’est vrai que j’ai eu de la chance d’avoir des morceaux qui ont marché plus sur la durée comme « Shelter« . C’est des morceaux qui sont plus écoutés deux ans après leur sortie qu’à leur sortie même. Et j’en ai un certain nombre qui ont des vies assez longues, ça c’est enthousiasmant. J’ai pas du tout de stratégie, je ne suis pas dans une logique du « hit-making » ou autre. Je ne me considère pas du tout comme faiseur de tubes d’ailleurs. Je pense que si c’était le cas je ferai une musique assez différente, et j’aurais pas du tout les mêmes objectifs.
Moi, je suis vraiment dans une logique d’essayer d’étendre l’univers de Madeon de manière cohérente. Pour que cela forme un tout qui me permette de faire un spectacle que j’aime. C’est souvent ça en fait, c’est simplement suivre ce qui m’anime, ce qui me passionne, ce qui me fera plaisir à partager sur scène : c’est assez simple en fait. Moi, je suis pas mal isolé dans mon studio, dans mon processus créatif et je ne pense pas trop aux écoutes, à tout ça. C’est toujours un peu une surprise.
Que conseillerais-tu à un producteur qui commence la musique ?
Ce qui est bien c’est que c’est facile de commencer à faire des choses, et il faut le faire. Mais assez v ite il faut s’interroger sur ce qui est un peu unique dans ses gouts, ses références. Peut-être le producteur avait un vieux un vinyle de Jazz, que sa mère mettait un groupe de rock allemand bizarre qu’il aime mais qu’aucun de ses potes ne connait… S’il y a un truc un peu spécial dans ses goûts, que lui il adore, et que les autres ils comprennent pas tout à fait : il faut vraiment insister là-dessus. Il faut insister sur le truc qui est différent, qui est authentique, qui est unique. Après il faut laisser ça devenir la palette de son son, et ne pas se laisser trop influencer par les choses évidentes, qui marchent autour de soi. C’est plus important d’être unique, que d’être bon parfois.
Je vois beaucoup trop de jeunes producteurs, qui finalement, se posent beaucoup de questions techniques. Par exemple quel outil utiliser pour sonner comme un tel ou un tel, et en fait c’est pas les bonnes questions. Il faut juste chercher en soi qu’est-ce qui est bizarre, qu’est-ce qui est différent, qu’est-ce qui est intéressant ? Ce serait ça mon conseil numéro 1.
Qu’as-tu prévu pour cette année ?
Je vais aller au bout de ce spectacle, « Good Faith Forever », donc j’ai envie de continuer de le tourner un petit peu. Il y a des morceaux et des moments dans le live qui ne sont pas encore sortis, et même pas encore terminés. J’ai envie d’en sortir certains en single, et conclure ce chapitre. C’est un petit peu ma priorité cette année et finir en beauté sur un projet qui a été la passion de ma vie depuis des années. L’idée c’est de clôturer et disparaître pour préparer le prochain album sereinement. Mais là dans l’immédiateté c’est de finir l’ère Good Faith sans regrets !
Le live, c’est quelque chose qui fait énormément partie de ton identité, c’est aussi parfois pour cela que l’on te connait. Qu’est-ce que ça représente pour toi, être sur scène ? Qu’est-ce que ça t’apportes ? Que veux-tu transmettre aux gens ?
C’est un vrai plaisir et honneur d’être sur scène, j’adore. Le show que je vais présenter là au Main Square est un show très visuel. Il a une dimension très mise en scène et ça correspond totalement à mes goûts. Mon rêve, c’est de proposer aux gens des images qu’ils n’ont jamais vues sur un concert. Sur la fin du show par exemple je suis projeté en hauteur, avec des visuels. Il y a des images qu’on a inventé, qu’on souhaite être un peu uniques.
Donc je veux des moments musicaux et des moments visuels qui soient différents. C’est ça que j’essaye de transmettre. Je veux un show avec des moments d’énergies très forts, très électroniques et des moments d’émotions qui sont plus contemplatifs. J’espère que cette dynamique est bien retranscrite dans mes shows. Mes spectacles correspondent vraiment à ce que moi ce qui m’émeut dans le monde musical. J’ai envie que les gens ressentent des émotions comparables à ce que moi j’ai eu la chance de ressentir.