[Etant donné le nombre conséquent d’informations, nous avons décidé de séparer cette étude des premiers enregistrements sonores en 5 parties pour faciliter la compréhension et que ce soit moins fastidieux pour vous. Bonne lecture ! (Les sources se trouveront dans la dernière partie)]
PARTIE 1 / 5
1860
10 secondes, c’est le temps que dure le premier son capté au monde. Mais quand on parle d’enregistrement sonore, vous pensez à quoi ? Au microphone ou bien les dictaphones de nos téléphones je présume. De plus, la plupart d’entre nous sommes habitués de nos jours à écouter notre musique sur des plateformes telles que YouTube, Spotify, Deezer… d’autres utilisent des CD ou bien des vinyles.
Mais laissez-moi vous poser une question : Comment imaginez-vous le début de cette ère ? Par quel moyen et par quelle idée cette technologie d’enregistrement a vu le jour ? Je me suis posé ces mêmes questions par pure curiosité et… je suis tombé sur des histoires et anecdotes très fascinantes et palpitantes que j’aimerais partager avec vous.
Préambule
Mais avant toute chose, j’aimerais éclaircir un détail. Pendant mes recherches, j’ai vu qu’on pouvait mal interpréter le sujet. C’est pourquoi je préfère le définir avant de le traiter. Vous vous doutez bien que même avant JC on créait de la musique mais on n’a jamais pu stocker ses sons ou discours. Cette investigation va donc traiter uniquement de l’historique de la captation / enregistrement sonore et pas des supports de stockage. En vulgarisant au maximum sans aller trop dans la technique (peut-être dans un prochain article).
Introduction
Aujourd’hui, la captation s’effectue universellement au moyen de microphones, qui transforment les ondes sonores en signal électrique analogique. Mais évidemment, les premiers sons à avoir été enregistrés n’ont pas la même qualité que ce qu’on produit aujourd’hui.
Cependant ces enregistrements ont eu un rôle extrêmement important dans l’histoire. C’est pourquoi je vous invite à monter avec moi dans la DeLorean et remontons le temps ensemble aux périodes clés de cette invention révolutionnaire. Laissez-vous guider et accrochez-vous bien ! Nous allons remonter plus de 150 ans en arrière à l’origine de l’enregistrement sonore et voyons ensemble qui sont ceux qui ont créé les bases !
1860, France : Scott de Martinville, l’inventeur du premier enregistreur
Nous commençons notre découverte au 19ème siècle, plus précisément le 9 avril 1860 dans le pays de Debussy et d’M83 : la France. C’est dans cette contrée qu’a été découverte la première captation d’une voix humaine. Celle d’Édouard-Léon Scott de Martinville, inventeur de la première machine capable de retranscrire du son : le phonautographe. Il a été inventé en 1853 et breveté le 25 mars 1857. 17 ans avant le fameux phonographe d’Edison, mais celui-ci n’a pas connu l’appareil de Martinville.
La machine est constituée d’un grand cornet faisant office de microphone. À son extrémité, elle peut transmettre les vibrations sonores à un stylet. Ce dernier grave alors les ondes sonores sur un rouleau de papier (cylindre) en soie de sanglier enduit de noir de fumée. Le rouleau est actionné à la main.
Donc oui, la plus vieille voix jamais enregistrée est française, et quelle musique pour marquer l’histoire… Une chanson traditionnelle du pays datant du 18ème siècle et que tous les français connaissent. Mais je vous préviens par avance, ça grésille beaucoup et la voix est très étouffée. Mais dites-vous que ça date d’il y a plus d’un siècle !
C’est évidemment « Au Clair de la Lune ». Cependant, notre bon vieux Scott de Martinville découvrit comment réaliser l’enregistrement des sons. Ce qui est une très grande prouesse, mais il n’a jamais su comment les rejouer. L’appareil servant simplement à obtenir une représentation graphique de la voix humaine.
Le phonautographe n’était capable que d’enregistrer le son, mais pas de le lire. En effet, son inventeur n’a jamais eu pour but de reproduire les sons, mais plutôt de donner une dimension artistique graphique à la voix humaine. Et c’est 150 plus tard, en 2008 que ce légendaire enregistrement a finalement pu être écouté. C’est donc une découverte très récente.
Une découverte assez récente
L’histoire de cette découverte commence durant l’été 2007, aux Etats-Unis, en Californie, lorsque des historiens, scientifiques et ingénieurs décident de fonder l’association « First Sounds », dont l’objectif est de rechercher, restaurer et rendre public les plus vieux enregistrements sonores de l’humanité. Pour le cas de Martinville, le scanner du phonographe a été une réussite.
Cet appareil ne grave pas le son dans un matériau. Il dessine la forme de l’onde sonore sur un rouleau de papier. Le travail des chercheurs a donc d’abord consisté à scanner à très haute résolution, afin de pouvoir traiter numériquement. Les différentes lignes visibles sur le papier ont alors été réassemblées pour ne former qu’une seule onde sonore. Une onde qu’il a ensuite fallu traiter de manière poussée afin d’isoler la voix du bruit de fond, ou encore de compenser les variations de vitesses du rouleau.
Le principe général consiste à reproduire la gravure initiale grâce à des images numériques réalisées à très haute résolution. Un traitement informatique permet de rejouer ces archives sonores. 148 ans après son enregistrement, un son a pu ressurgir du passé. « C’est comme un fantôme qui vient chanter devant vous », s’est exclamé l’un des chercheurs lors de la première audition.
« C’est magique ! » s’écrie l’un des ingénieurs, alors qu’une voix tremblante et voilée résonne dans un auditorium de l’université de Stanford. Ces dix secondes d’ « au clair de la lune » ne sont rien moins que le plus ancien enregistrement connut de voix humaine au monde.
De plus, avec les recherches de cette société, nous apprenons aussi que Scott de Martinville voulait préserver de la grande musique et des grands discours. Son invention révolutionnaire trouva aussi son utilité dans le domaine de la recherche scientifique sur l’acoustique. Il est également considéré comme le prédécesseur de l’oscilloscope, appareil servant à mesurer les signaux électriques. Bien que révolutionnaire, son utilisation resta donc assez limitée.
L’arrivée d’Edison
Des rumeurs prétendent qu’en 1863, le phonautographe de Scott a enregistré la voix d’Abraham Lincoln à la Maison-Blanche. Un phonautogramme de sa voix était censé être parmi les artefacts conservés par Thomas Edison. Selon « First Sounds », ces histoires sont des variantes d’un mythe qui semble avoir été publié pour la première fois dans un livre de 1969 sur la collection d’antiquités, dans lequel il est explicitement catégorisé comme une légende et rejeté comme basé sur des « comptes brouillés ».
Il n’y a aucune preuve solide qu’un tel enregistrement n’ait jamais existé. Scott n’a pas visité les États-Unis dans les années 1860. Comment aurait-il pu enregistrer Lincoln lui-même comme le prétend une version de la légende ?
L’artefact le plus similaire a été capturé et conservé par Edison par son phonographe, nouvellement inventé en 1878. C’était un enregistrement de la voix du président américain de l’époque : Rutherford B. Hayes.
En parlant d’Edison, celui-ci a été le deuxième acteur majeur de l’enregistrement sonore. Et comme souvent dans les créations révolutionnaires, il y a eu un hasard.
Un jour, il s’amusait à parler dans son chapeau haut de forme, avec sa main dans le fond du chapeau. Il sentit des vibrations. Edison s’est donc dit que les ondes sonores ont une action mécanique, comme sa main vibrait. Il faut donc capter cet effet et le transformer pour reproduire la voix. Et à partir de là, il a imaginé un premier prototype.
Il a déposé un brevet de son appareil le 19 décembre 1877. C’est le premier appareil à pouvoir enregistrer et restituer un son, et le premier enregistrement reproductible date de 1878. Remontons donc à bord de notre voiture à portes papillon pour aller découvrir la création de Thomas Edison.
Mais ce sera dans une deuxième partie. Rendez-vous dimanche prochain pour la suite, où nous parlerons d’Edison et de sa machine révolutionnaire : le phonographe !