Lors du Plein Air Festival de Douai, nous avons rencontré le producteur déjanté Ouai Stephane, pour une interview. Il nous y parle de son projet « EP de 3 musiques », de ses instruments atypiques et de ses futures collaborations !
Hello Stéphane, peux tu te présenter ?
Je m’appelle Stéphane et je fais de la musique depuis tout petit. Ça s’est transformé de fil en aiguille en un projet qui s’appelle Ouai Stéphane. C’est de la musique électronique, où je compose de la musique sur un ordinateur et je la rejoue avec des instruments que j’ai crée de mes mains. Comme des fers à souder, du scotch… Et je fais des lives sur scène avec ces instruments. C’est ça ma vie, et j’ai beaucoup de chance !
C’est quoi l’histoire derrière ton dernier projet « EP de 3 musiques » ?
Alors, il y a une histoire mais est ce que j’en parle ? Parce qu’en faite je ne l’aime pas cet EP :rire:. Enfin, j’aime les musiques puisque je les ai composées mais ce sont des musiques que j’ai composé il y a un bout de temps maintenant et que je ne jouais qu’en live. Et du coup je les ai joué beaucoup de fois et en conséquence je les ai entendu beaucoup de fois. En fin de compte, je n’en peux plus de ces musique et c’est quelque chose que l’on comprend avec les noms de ces dernières, qui s’appelle « Première Musique« , « Prochaine Musique » et « Dernière Musique« . Parce qu’à la base elles ont était créé pour des lives et non pas pour des singles/EP, du coup je ne me suis pas pris la tête sur la forme.
Pour écouter « EP de 3 musiques », cliquez ici !
Comment trouves tu tes noms de titres et EP ?
J’aime beaucoup les contrastes, notamment ceux de formes et de fonds et c’est comme ça que j’ai commencé le projet. En cherchant l’univers de la musique, qui je suis ? Pourquoi faire ça ? Ceux sont des questions que l’on se pose naturellement au début d’un projet. Et je suis parti à l’opposé de ce qui est logique avec cette musique. Pas de photos hyper clean type Instagram, ou quelque chose de hyper épique. J’adore ça mais je ne suis pas épique :rire:.
Quand j’ai compris ça, j’ai pris conscience que tout ce que j’aimais dans la vie c’était des contrastes de fond et de forme, des trucs « pas logique« . Comme Gorillaz, à l’époque un groupe de Rock/Dub couplé à des dessins en clip, j’étais passionné de ça. Du coup, je me suis dit que j’aller faire ça aussi, « pas réfléchir« . Je me prend la tête sur beaucoup de chose, mais c’est surtout le fait de mettre en contraste qui m’intéressais. Et c’est comme ça que j’en suis arrivé à appeler un EP « EP de 3 musiques » ça parait tellement évident. Si on reste littéral sur la forme peut-être qu’il y a plus de focus sur le fond.
On a pu voir à travers ta communication et tes visuels que tu maîtrisais particulièrement ton image, flirtant entre les premiers et seconds degrés. Est-ce une direction artistique volontaire ou suis-tu ta façon d’être quotidienne ?
Oui oui je suis comme ça ! Rien d’hyper forcé, c’est une extension de comment je suis et ma manière de penser dans la vie de tous les jours. Je me suis retrouvé dans une certaine zone de confort en faisant ce qui me défini, et je ne pensais pas en arriver là. Je pensais devoir me « travestir » dans quelque chose qui n’est pas moi, et c’est marrant de revenir juste aux choses normales, aux bases.
D’où te viens cette maîtrise de la programmation MIDI, que l’on peut retrouver en live sur tes instruments particulièrement uniques ?
J’ai fait des études à Dublin. Je m’attendais à finir ingé son en sortant de ça mais pas du tout. J’avais différents cours, et notamment des cours de DSP (Digital Signal Processing), ou comment lier au physique le digital. C’est à dire utiliser des moyens alternatifs pour faire du son, comme par exemple utiliser une webcam pour générer de la musique.
J’avais des cours de « Comment créer des contrôleurs MIDI » et mes idées étaient vues comme « basiques« , du coup, les prof étaient moyens chauds. Alors j’ai mis toutes mes idées dans un cahier et quand j’ai commencé le projet Ouai Stéphane, je voulais une pédale pour looper ma voix. Le problème, c’est que ça coûtait une fortune et que j’avais pas d’argent. Je me suis dis « Mais attend, si je me rappelle bien, en cours j’ai vu ça ! Aller, j’essaie de le faire« . Du coup je l’ai faite moi même. Après ça, je me suis dis que je devais aller plus loin que ça. J’ai ajouté une horloge, un étendoir pour faire des percu’ et tous les autres « instruments » qui m’accompagnent sur scène aujourd’hui.
Tu ne fais peu voir pas de collaboration. Pourquoi ?
C’est quelque chose qui va arriver ! J’ai commencé à faire ça récemment. Je ne sais pas encore sous quelle forme ce sera. Un album, un EP, juste un single ? En tout cas je commence à collaborer, à aller vers l’extérieur. C’était pas un refus de ma part, mais j’avais encore envie de développer ce que j’avais à dire avec mon projet. Ca me prenait énormément de temps construire les instruments, de composer de la musique et de l’adapter aux contrôleurs en live.
Il y a un artiste avec qui tu aimerais collaborer ?
Je serais curieux de faire un truc avec Jackson and His Computerband. C’est un artiste de Warp Records qui a clairement révolutionné la musique électronique. Il était hyper avant-gardiste, et moi ça m’avait mis une sacrée claque. Déjà à l’époque en 2005, il utilisait des objets des live. Il a été une vraie source d’inspiration par le fait de mêler ce style de musique électronique assez puissant, avec la manipulation de samples et de matières sonores et pas uniquement de synthé.
Y a t-il d’autres artistes qui t’on inspiré ?
Sur ce thème de fond et de forme, pas uniquement musicalement, bien que j’adore ce qu’il fait, il y a Jacques. J’ai commencé mon projet quand lui tournait et qu’il explosait déjà de son côté. Sa manière de penser m’a beaucoup influencé. Je trouve qu’il a fait beaucoup de bien à la musique électronique, dans son ouverture, son laisser-aller qui pouvait être vu comme une blague sur la forme, mais qui n’en est pas une.
Je suis aussi un grand fan des Chemicals Brothers et également des Soulwax, notamment pour la maitrise qu’ils ont sur beaucoup de médias. En terme de visions artistiques, de contrôles techniques, de vision live, de production, je suis fasciné par la quantité de travail et surtout la qualité du travail fournie et j’aimerai bien arriver à ce niveau un jour.
Ton meilleur souvenir sur scène ?
Il y a pas longtemps, j’ai eut la chance de faire le DELTA Destival à Marseille, c’était incroyable. J’ai pas compris ce qu’il ce passait. La scène était en 360°, on été à 15m de la plage, avec 2000 personnes, et la structure était incroyable. Je jouais à 23h, et il y avait un feu d’artifice juste avant que je commence. Les gens étaient super chauds, et moi je sais pas pourquoi je me sentais méga chaud. En fait il y a eu un cocktail assez électrique, un truc parfait quoi. Pas de barrière, juste une petite corde, du coup une ambiance assez intimiste, les gens étaient hyper respectueux, pendant 1h c’était incroyable. Un grand souvenir !
Penses-tu qu’il est possible d’allier écologie et tournée d’un artiste ?
C’est quoi la suite pour ton projet ?
Un grand merci à Ouai Stéphane pour avoir répondu à toutes les questions de cette interview ! Nous remercions également les équipes du Plein Air Festival, sans qui cela n’aurait pas été possible. On a déjà hâte de recroiser la route du producteur sur la suite de sa tournée !