À l’occasion du « What The French Tour », nous avons pu rencontrer les Dirtyphonics à Paris et en savoir plus sur eux et leur actualité. Découvrez dès à présent l’interview.

Salut, c’est un plaisir de vous recevoir pour la première fois en interview écrite chez HandsUp !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Dirtyphonics est aujourd’hui un duo mythique de la scène Bass en France. Vous êtes actifs depuis 2004. Quel est le secret pour perdurer dans ce milieu ?


Se remettre en question chaque jour, se surprendre, essayer de nouvelles choses et entreprendre des nouveaux challenges. On ne s’est jamais considéré comme un duo de ci ou de ça – il y a assez de gens qui essaient de te mettent dans une case pour ne pas le faire toi-même.

Il faut travailler dur, être respectueux et courtois avec tout le monde et le plus important est de prendre du plaisir dans tous les aspects de ta carrière.

Qu’elle est la signification de « Dirtyphonics » ?


La signification, elle est assez simple. On voulait trouver un nom qui se prononce dans toutes les langues et qui représente la force de notre musique avec le mot « Dirty » et l’attention au détail qu’on porte dans notre musique avec « Phonics« .

C’est une espèce de contraste entre « on est très précieux quand on crée de la musique » et en même temps, « on fait du très sale« . « Dirty » « Phonics« , du son sale.

Dirtyphonics @ Trabendo Paris "What The French Tour"

Dirtyphonics @ Trabendo Paris « What The French Tour »

Quelles ont été vos influences ? Ont-elles évolué depuis 18 ans de carrière ?


La musique est en constante évolution et il y a tellement à découvrir tous les jours. Donc forcément, nos influences varient en fonction des périodes, mais les racines sont restés les mêmes.

Nos incontournables sont toujours: Rage Against The Machine, Daft Punk, Cypress Hill, Serge Gainsbourg, Metallica, Machine Head, Prodigy, Justice, Carl Cox, Andy C, Dr Dre

Quel morceau êtes-vous le plus fier d’avoir produit ?


C’est toujours difficile de juger sa propre musique. Avec le recul, des morceaux charnière comme « Walk In The Fire”, « Vandals”, « Power Now » ou encore notre remix de « Deviance » sont importants pour nous et représentent des périodes de notre vie artistique.

Plus récemment, si on parle de fierté, notre tout dernier projet « What The French » nous tiens particulièrement à cœur. Représenter et pousser la scène Bass Music Française est très important pour nous.

Dans votre carrière, vous avez également remixé énormément d’artistes. Pour en citer quelques-uns : Linkin Park, The Bloody Beetroots, Skrillex… Quel est votre remix préféré ?


On a adoré faire tous ces remixes, ils ont tous une histoire très particulière. Mais notre préféré est probablement “Scary Monsters And Nice Sprites” remix. On était au studio en train de finir une session et Skrillex nous appelle en plein milieu de la nuit pour nous demander si on voulait faire ce remix.

Evidement l’idée nous intéressait mais il nous explique qu’on a 48h et pas une de plus pour le rendre. On adore les défis alors on a dit oui. On est resté non stop au studio 48h de plus, on a été a l’essentiel, et du pur Dirtyphonics en est sorti.

Aujourd’hui et depuis quelques années, vous vous produisez dans les plus grands festivals du monde : Rampage, Dream Nation, Coachella ou encore Tomorrowland. On a même assisté à votre passage fracassant à Elektric park. Est-ce qu’il reste un festival que vous n’avez pas encore fait, mais que vous rêvez de faire ?


Effectivement, on a la chance de jouer dans les plus grands festivals partout dans le monde depuis plus de 10 ans. On adore revenir régulièrement à Solidays, Tomorrowland, EDC, Coachella… On a tellement de souvenirs qui resteront gravé à jamais dans nos esprits.

Pour ce qui est des festivals qu’on n’a pas encore fait il y en a encore beaucoup : Fuji Rock au Japon, Lollapalooza a Chicago, Les Eurockéennes, Burning Man, Hell Fest… La liste est longue et on compte bien aller au bout.

Quel est votre meilleur souvenir de scène ?


La question aux mille réponses… Il y en a tellement et tous pour des raisons différentes. Pour n’en citer qu’un, je crois qu’être ambassadeur de la Techno Parade à Paris et faire le set de clôture jusqu’à la place de la Bastille en direct sur FG Radio après avoir rencontré le ministre de la Culture était un moment vraiment spécial pour nous.

Quand on était gamins, on allait là-bas en rêvant un jour de jouer sur un char et quelques années plus tard, on nous demande d’être ambassadeurs du truc – c’est un délire !

Dirtyphonics Ambassadeur Techno Parade Recap

Et le pire ?


Le pire est en même temps un de nos meilleurs souvenirs : nous sommes en 2017 à Al Rumbo, un gros Festival en Espagne devant 45 000 personnes. Tout se passe bien, on kiff sur scène et en plein milieu de set, un coté de la table de la cabine DJ s’effondre. Tout le matos glisse et s’écrase au sol 2 mètres plus bas. Par chance, 2 platines fonctionnent encore et la musique ne s’arrête pas.

Pendant une seconde, tu te fais un gros stress et là, tu vois tous les techniciens qui courent sur scène pour remonter le tout en une minute. Le set continue sans aucune interruption. Règle numéro une, devant 500 ou 45 000 personnes, il faut toujours garder son sang-froid !

Dirtyphonics @ Trabendo Paris "What The French Tour"

Dirtyphonics @ Trabendo Paris « What The French Tour »

Si on revient sur votre actualité, vous venez de sortir un EP nommé « What The French ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?


Ça fait longtemps qu’on voulait mettre en avant et célébrer notre belle scène Bass Music Française. Cet EP, c’est le fer de lance de ce mouvement. À nos débuts, personne en France ne nous a tendu la main. Il a fallu qu’on soit connus et reconnus a l’international avant d’être soutenus dans notre pays alors que notre public Français était, et est toujours derrière nous.

Nous avons beaucoup d’artistes talentueux en France qui sont signés et tournent a l’international. Nous voulons les soutenir un maximum et créer une unité dans notre scène qui est maintenant incontournable. La presse parle très souvent de la French Touch en parlant des artistes house ou pop et elle doit désormais prendre en compte la French Touch 3.0, celle de la Bass Music.

Une raison particulière de l’avoir sorti également en édition limitée vinyle ?


Nous sommes des passionnés de vinyles depuis toujours et on a appris à mixer en vinyles. Aujourd’hui tout passe par le streaming et on voulait faire quelque chose de spécial pour le “What The French” EP. Créer un objet unique que les gens gardent.

Il y a une valeur sentimentale avec le vinyle et c’est toujours agréable d’avoir quelque chose de palpable dans un monde ou la musique est dématérialisée. C’est une série limitée qui s’est vendue très vite et tout comme notre merchandising, on préfère faire des séries limitées exclusives. C’est plus cool, plus précieux.

What The French Ep "Vinyle"

What The French Ep « Vinyle »

Question dans l’air du temps : Rampage Open Air va proposer un line-up avec beaucoup de diversité, et notamment plus de noms féminins. Comment voyez-vous cette évolution ?


Elle paraît évidente. La diversité est extrêmement importante. Tout le monde doit être représenté et inspirer les générations à venir. Ça nous parait évident que si tu es passionné et que tu travailles dur, n’importe qui peut y arriver peut importe ton sexe ou d’où tu viens. Rampage montre l’exemple et on soutient cet engagement.

Dirtyphonics @ Rampage 2022

Dirtyphonics @ Rampage 2022

Vous avez été récemment interviewé sur LeStream/LeRecap sur Twitch, êtes vous des consommateurs de cette plateforme et comptez vous la rejoindre pour faire par exemple des reacts comme d’autre artistes bass ?


Ouai grave. Mais le truc, c’est que c’est beaucoup beaucoup beaucoup de temps. Et puis franchement nous, on n’est pas trop… Je ne vois pas comment expliquer, je ne me vois pas trop parler devant une caméra et de faire « Salut moi je kiff ça, je kiff ça » en fait, nous, on s’en bat un peu les couilles de faire ça, on est plus à faire de la création et faire des sons.

Parce que finalement, c’est vraiment cool, moi je kiff quand les gars ils font ça et quand ils écoutent notre musique et qu’ils font un feedback parce qu’en général, c’est hyper constructif. C’est juste que ce n’est pas notre truc quoi, on ne se sent pas trop de se mettre devant une caméra. Nous, on préfère passer du temps à faire des soirées, des shows, faire de la zik, etc.

Quel est l’artiste qui selon vous mérite d’être suivi de près en 2022 ?


Bizo, Dr Ushuu, Sharks, Evilnoiz, Wodd… Tous Francais !

Dirtyphonics @ Trabendo Paris "What The French Tour"

Dirtyphonics @ Trabendo Paris « What The French Tour »

Vous produisez de la bass music, majoritairement du dubstep, mais on entend souvent dans vos sets de la DNB. Une release drum and bass est envisagée à l’avenir ?


Oui, on a écrit quelques morceaux Drum And Bass récemment et on a clairement l’intention d’en sortir très bientôt. Ça fait longtemps qu’on n’en avait pas écrit et c’est super rafraîchissant de changer de tempo, de textures. C’est une des façons de ne jamais tourner en rond artistiquement parlant.

Quels sont vos projets pour la suite ?


On vient de rentrer de notre tournée Européenne « What The French » et le projet continue son chemin. Nous sortons ce mois-ci une méga collab avec Ecraze, Graphyt, Ivory et Samplifire qui s’appelle « Le Club ». Et un « What The French » Remix EP est en route. On est en studio pendant les mois de mai et juin à Los Angeles pour composer et préparer la tournée des festivals en LIIVE et DJ set de cet été.

On emmène notre LIIVE aux Vieilles Charrues, Beauregard, Tomorrowland, Dour, Szigest et beaucoup d’autres. Ça fait du bien d’enfin repartir sur la route à fond après ces 2 années difficiles. Nous avons une nouvelle capsule de merch « What The French » qui arrive, en série limitée bien sûr, et plein d’autres surprises à venir qu’on met en place en ce moment. 2022 et 2023 vont être chargées !

De gauche à droite : Samplifire, Pitchin (1/2 Dirtyphonics), Ivroy, Charly (2/2 Dirtyphonics) @ Trabendo Paris "What The French Tour"

De gauche à droite : Samplifire, Pitchin (1/2 Dirtyphonics), Ivroy, Charly (2/2 Dirtyphonics) @ Trabendo Paris « What The French Tour »

Merci les Dirtyphonics d’avoir répondu à nos questions pour cette interview, et de nous avoir partagé votre expérience. Tout le meilleur pour la suite !

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