Découvrez le nouveau groupe Magenta, avec cet interview où ils abordent leur formation, mais aussi la conception de leur prochain album « Monogramme » !
Comment est-ce que vous présenteriez ce nouveau groupe ?
Tout simplement, Magenta c’est un projet de musique électronique en français. C’est vraiment les deux éléments centraux, qui sont au point de départ. On avait envie de creuser avec des machines, chose qu’on faisait sur le précédent projet avec du sampling et autre. On a voulu creuser tout ça, sans pour autant lâcher la partie texte, et l’émotion qui en découle. Le fait que ça soit en français était important, et surtout original, car on trouvait qu’il y avait pas tant de projets de musique électro chantée en français.
Donc pour résumé, c’est de la musique électro, plutôt house / club / techno, accompagné de texte.
On sent pas mal d’inspiration ‘French Touch’, comment s’est fait ce choix ?
C’est un coup de nostalgie qu’on s’est pris sur des classiques de notre adolescence car on n’est pas tout jeune tout jeune :rire:. En fait les années 90 on les a vécu, même si on était plus rap avec NTM et IAM ou encore rock avec Radiohead et Oasis. Mais d’un autre côté on entendait bien les tubes French Touch avec Stardust ou Daft Punk, passer à la radio ou à la télé avec MTV notamment. Au final, ça ne nous a pas plus impacté que ça.
Mais récemment on a eu une forme de nostalgie, qui s’est développé en réécoutant les classiques de cette époque là. Et c’est de cette musique là qu’a découlé le projet. On a donc chercher a produire avec des sonorités ressemblantes.
Question plus basique, d’où vient le nom Magenta ?
En fait le projet a commencé dans la piaule de l’un de nous, qui habite Boulevard Magenta. Au final, on s’est retrouvé à faire de la musique toute la journée, sur plusieurs jours, au boulevard Magenta.
C’est pas tant pour ça, c’est aussi qu’on cherchait un terme dans lequel on puisse mettre pas mal de sens. Magenta, c’est assez coloré, mais avec à la fois un côté dur, un peu sale, un peu crade. Mais en même temps c’est très vivant, très coloré. C’est ce contraste qui nous a plu, et qui correspondait à ce qu’on voulait faire.
Il y a aussi cette dureté, lié au boulevard Magenta. C’est à la fois un peu ghetto, un peu dur, mais aussi hyper vivant. C’est assez « vibe brant » comme ils disent les anglo-saxons ! Donc voilà c’est très vivant, et riche en terme de culture.
Magenta s’est lancé en 2020, donc le CoVid-19 vous a t-il beaucoup impacté ?
La CoVid-19 a tout changé pour nous malheureusement. Tout ce qu’on a prévu de faire est tombé à l’eau. On avait vraiment comme idée de développer ce projet en live, en faisant une tournée de clubs, avec le contact des gens. C’est un projet qu’on imagine assez bien en live quoi. L’idée de faire vivre des boucles, des moments de trance, de voir des gens se coller en sueur….
Faut imaginer qu’on a lancé Magenta tout début 2020, donc notre élan a été très vite stoppé par le virus. Après on va pas se plaindre, y’a des gens qui ont plus souffert que nous. Mais voilà, ça a changé pas mal de choses. On essaye de s’adapter, on tourne des clips, on fait des lives, comme le Arte Concert.
Mais ce qui nous manque surtout c’est les retours, les contacts, et l’aventure. Le projet en a besoin, mais nous aussi surtout. C’est pas tant le fait de faire des concerts qui manque, c’est toute l’expérience autour qui nous manque.
Vous préparez comment l’année 2021, voir 2022 si on est pessimiste ?
On essaye de pas être aussi pessimiste que 2022 :rire:. Non franchement, c’est assez difficile de répondre. A chaque fois on essaye de s’adapter, de rebondir. On a cru avoir une ouverture pour reprendre les concerts à l’automne, donc on a travaillé pour ça. Mais au final non. C’est dur, car ça ressemble à des montagnes russes.
Là on se dit « les festivals peut-être cette année », mais on n’en sait rien. On s’adapte, encore une fois, en faisant le maximum de choses faisables. Donc on se prépare dans l’optique que ça se passe, mais on reste prudent. On répète, on alterne entre répétitions et les préparations pour la sortie de l’album, qui doit normalement avoir lieu.
Dans tous les cas, même si la partie live retombe à l’eau, cette fois ci c’est quand même le moment d’y aller. On se prépare, on s’adapte, et au pire il y aura tous le reste, sauf les concerts. Il y a une prudence car la déception est immense quand tu travailles sur un projet, et qu’il est annulé.
Pour vous, Magenta est un projet qui va durer, ou un projet avec une durée courte, comme votre ancien groupe Fauve ?
C’est juste un projet CoVid :rire:. Non à l’origine on voulait s’inscrire dans un truc un peu plus long terme. La différence, c’est que Fauve prenne de l’importance et fonctionne à ce point, c’était pas du tout voulu. On ne s’y attendait pas. C’est un projet qu’on faisait pour nous avant tout ! Quand Fauve a commencé a bien fonctionner, on s’est tous dit « Est-ce qu’on a envie que ça marche ? ». Du coup on s’est dit qu’on allait profiter du truc, et qu’on allait se donner à fond, mais que ça allait s’arrêter, pour ne pas donner de routine ou autre. C’est ce qui nous a permis d’en tirer le meilleur.
Pour Magenta on a moins cette mentalité. On se dit qu’on veut installer ça sur le long terme. Puis on est plus serein sur nos sorties. Là on sort un album, mais si ça fonctionne pas à cause du CoVid, ou que les gens ne comprennent pas le projet, on en fera un second puis un troisième. On est dans une mentalité plus sereine.
Actuellement on peut pas dire que dans 10 ans on fera encore du Magenta, mais on part pas en se disant « On a le 2ème album et après on arrête ». Après, on aime le changement quand même, donc on avisera ! Pour le moment, on est tous unanime pour dire qu’on adore le projet, et que ça diffère de Fauve.
Avec Fauve, on était plus sur une musique parlée, et maintenant ça tend vers du chantée. Pourquoi ce choix ?
Le choix a surtout était de commencer par le texte, et tout mettre au service du texte, à un mode de fonctionnement où on commençait par a musique, et où on met tout au service de la musique, y compris les paroles. Quand on se met vraiment au service de la musique, et non du texte, la forme chantée est beaucoup plus adéquate.
A l’époque de Fauve, on disait que c’était des séances de psy avec nous même. Là, l’analogie c’est que c’est plutôt des séances d’hypnose. Avec toujours cette notion de vertu thérapeutique, qui fait du bien. Le switch est plus là : on est passé du texte à la musique, plutôt que du parlé au chanté.
Au début on voulait faire de la musique quasi que instrumental, mais on aime bien quand il y a du texte, de la voix. C’est pour ça que ça a mis du temps dans la construction, c’était pour trouver l’équilibre. Chez Fauve, il y avait une grosse partie du temps et de l’énergie qui était investi dans les textes. Maintenant, les textes ne sont plus la priorité, même s’ils ne sont pas bâclés bien sûr, mais on met toute notre énergie sur l’instru.
Vous êtes stressés de connaître l’avis du public sur « Monogramme » ?
Je crois pas. Ce qui est stressant c’est de pas pouvoir le faire vivre comme on l’aurait voulu. La source de stress c’est de pas pouvoir faire de concerts, de clubs. Que cet album ne nous fasse pas vivre les choses que l’on souhaite.
L’album a été douloureux à faire. Difficile, long, et récolter les fruits de ce travail, c’est pas une bonne critique dans un média ou le nombre de disques vendus. C’est plus les expériences que cet album peut nous faire vivre. Donc c’est ça que je trouverai dommage. Après on sait très bien ce qui va se passer. Pleins de gens qui diront « C’était mieux avant », d’autres qui vont directement adhérer. Peut-être que petit à petit de plus en plus apprécieront, enfin on sait pas quoi !
Au final c’est pas du stress, c’est de la satisfaction d’être arrivé à quelque chose, dont on est tous, je crois, assez content. Maintenant, j’aimerai que cette chose là nous permette de vivre de nouvelles choses.
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Pourquoi avoir choisi Because Music ?
Euh, c’est une bonne question ça ! C’était important pour nous de nous adresser à une structure pour nous déléguer de certaines tâches qu’impliquent un projet musical indépendant. Des tâches qu’on a soit plus le temps de faire, soit plus forcément l’envie de faire. C’est un peu technique comme discussion en soit.
En gros, quand on a commencé à avoir le projet dans sa forme ‘définitive’, on sentait qu’on avait besoin de le faire écouter. On a été voir à droite à gauche, des gens qu’on connaissait de l’époque, sur qui on avait un avis positif. Et il s’est trouvé que Because, dans le lot, c’est ce qui avait l’air de mieux comprendre le projet Magenta, par rapport à ce qu’on a fait avant. C’est un label qui est lui aussi indépendant, et qui a une certaine exigence et radicalité. On trouvait ça plus pertinent pour Magenta, sur cette partie de leur ADN correspondant à la notre.
Ce qui est intéressant, c’est leur capacité à développer des projets qui sont pas forcément destinés pour marcher. Quand tu te balades chez un label pour la première fois, tu vois des disques d’or de David Guetta, ou de Calogero, ça te fait pas le même effet que quand tu vois ceux de London Grammar, Metronomy ou bien Christine & the Queen. C’est des projets qu’on trouvait concrets, et assez atypiques sur le papier. Pour Magenta, Because a compris directement la spécificité du projet, ce qui nous a plu. En plus ils sont un peu comme nous, c’est aussi des artistes, du coup des fois c’est un peu le bordel, mais c’est super cool !
On s’est dit si on veut se préserver par rapport à Fauve, il faut qu’on délègue des tâches. Puis on avait envie de vivre un truc différent, et se concentrer davantage sur la production.
« Monogramme » arrive en avril, qu’est-ce qu’il raconte cet album ?
En thématique, il parle pas mal du temps qui passe. L’idée de nostalgie un peu, de remède parfois. Ca parle de nous aussi, de nos aventures ! Ca parle aussi du monde qui nous entoure. On est un peu plus impacté par notre environnement, au sens large. On se retrouve plus engagé qu’avant. Forcément, on se rend compte qu’il y a des choses dans ce monde qui nous impacte.
Ca fait pas mal d’années que vous évoluez ensemble, comment vous l’expliquez ?
Je pense que c’est un genre de pacte qui a été fait, même si on se l’est jamais dit, parce qu’on s’est construit comme ça. On s’est construit en s’appuyant chacun sur les uns et sur les autres. Chacun a une forme de complémentarité qui s’est créé, du coup on l’impression aujourd’hui que nos destins sont liés. Chacun a conscience que sans les autres, il manque un truc, ça ne fonctionne pas.
Quand on a arrêté Fauve, aucun de nous n’a pensé à lancer son projet. La complémentarité elle existe car on s’est construit comme ça. Donc on a l’impression qu’on ne peut pas faire autrement ! Mais c’est dur un peu aussi, parfois on aimerai être un peu plus indépendant les uns des autres.
Ca serait quoi la collab’ de rêve pour Magenta ?
De rêve ? Je sais pas si à l’usage, ça aurait du sens de réaliser ses rêves et ses fantasmes, ça casse un peu le truc. Sinon on va dire de façon évidente Daft Punk, c’est chouette, ça serait vraiment fou. Et en même temps, est-ce qu’on aurait vraiment envie de le faire ?
Mais de manière basique ouais, on aimerait bien faire un truc avec eux. C’est le côté français, puis ils sont trop forts, à tout point de vue.
*cet interview a été réalisé avant la rupture des Daft Punk*
Qu’est ce que vous pensez de la musique actuelle ?
Ah oui, mais c’est vaste ça ! Franchement, c’est assez difficile à dire. On peut dire qu’on aime ci, ou qu’on aime pas ça, ça serait pas productif. Entre ce qu’il se passe dans le rap, la musique électronique ou encore la pop c’est compliqué de tout suivre.
Après, je trouve qu’il n’y a plus beaucoup de groupe, et je trouve ça dommage. Quand on s’est construit, et qu’on était jeune, il n’y avait que des groupes. En fait il faut être ensemble pour faire de la musique. C’est compliqué de faire de la musique seul. Même dans le rap, y’a un mec qui fait le beat et un autre les paroles. Il y avait cette nécessité d’être ensemble. Aujourd’hui c’est plus trop le cas, quelqu’un peut faire un super truc dans son coin, et du coup il n’y a quasi plus de groupe. C’est assez étonnant. Il y a encore des groupes bien sûr, notamment dans le rock. Mais souvent c’est des groupes qui ont déjà plusieurs années. Ca nous fait bizarre un peu.
En fait, la musique n’est plus faite ensemble. Il n’y a plus la nécessité d’être plusieurs pour produire, avec l’apparition des machines. Encore une fois, à la base c’était que des groupes : IAM, NTM, le rock c’était des groupes. Maintenant tu regardes les tops, c’est que des mecs ou des meufs seuls ! Nous on aimait bien cette idée de clan. Après c’est pas rentable un groupe, il y a plus de personne à payer :rire:.
Blague à part, faire de la musique c’est un plaisir à partager, comme voyager. Je crois que les mecs ils ont des entourages, comme Orelsan il a Skread et Ablaye, quelques mecs derrière lui. Ou Fakear aussi, au final il a un crew avec qui il bosse un petit peu. Mais il est seul à porter le projet, et pour nous ça fait la différence.
Nous sommes ravis de pouvoir vous proposer cette interview du nouveau groupe Magenta. Nous leur souhaitons bien évidemment le meilleur pour leur projet « Monogramme », ainsi que pour leur tournée 2021 (on croise les doigts) !