À l’occasion de la sortie de son premier EP et de sa release party à la fin du mois, PAUL CH se confit à nous lors d’une interview. Retour sur son processus créatif, son ambition et ses inspirations et sur sa préparation pour ce live unique.

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Quelques mots pour te présenter ?


Je m’appelle Paul CH. Je fais de la musique électronique et plus particulièrement de l’electronica, à la croisée entre des musiques de club et de la musique un peu plus contemplative.

Trois mots pour décrire ton EP ?


Mon EP, il est dansant, introspectif et lumineux.

Quelle est l’origine de ton EP et comment est-ce que tu l’as produit ?


Au départ, je n’avais pas tellement de direction artistique assumée et un projet sur le long terme. Alors, j’ai sorti deux morceaux. En fait, c’est en ayant sorti ces deux morceaux que des personnes m’ont fait leur retour, que j’ai pu rencontrer d’autres producteurs et productrices. Au fur et à mesure, c’est un cheminement assez logique pour un artiste de vouloir sortir un format un peu plus long.

Evidemment, on ne parle pas d’album pour l’instant, mais l’EP me semblait être une manière de poser une première pierre dans l’univers de Paul CH et de dire « Voilà, ce que je propose sur cinq titres, c’est ça ! ». Cinq morceaux avec une cohérence qui raconte des histoires différentes et qui explore deux thématiques légèrement antagonistes : l’infiniment grand/l’infiniment petit.

Est-ce que tu aurais un morceau préféré dans ton EP ?


Oui, mais j’en ai deux. Mon premier, ce serait « Nebula ». J’en suis très fier parce que c’est un morceau qui est assez direct, c’est efficace en live, et déploie une certaine vague de lumière et de légèreté que j’aime beaucoup. « Nebula », du coup.

La deuxième serait le titre qui ouvre l’EP : « Photo ». « Photo » est un morceau un petit peu plus fin dans sa progression, et originale par sa structure. Il s’avère que ce morceau sera l’intro de mon live, et que pour la release au POPUP du label, j’ai complètement revisité le titre pour une entrée en matière très douce, pitched down (ou pitchée vers le bas), lente et progressive.

Quelles sont tes sources d’inspiration ? Quels sont les compositeurs qui t’inspirent ?


Dans mon début d’approche artistique, je me suis dit « Tiens, j’ai envie de coller une esthétique, j’ai envie de m’associer à un genre et être identifié au sein de ce genre ». Je me suis tourné vers des références qui collaient à ce style, un peu en reniant tout mon background musical.

C’est mon appartenance et mon goût prononcé pour cette esthétique musicale, une musique électronique assez contemplative, assez mélancolique, avec des textures très organiques. Donc, dans les références à ce moment là, il y a eu du Kiasmos, Rival Consoles, Christian Löffler, Aleksandir, Caribou, Aparde ou encore du Floating Points. En fait, un petit peu ce qui se fait en Angleterre et en Allemagne et dans l’Europe du Nord des dernières années.

C’est une approche de la musique assez fine et techniquement pointu, comme Rival Consoles, qui a été une énorme influence dans le travail des textures et des structures de mes morceaux. Cela m’a réellement donné envie de travailler avec du hardware alors qu’au début j’étais uniquement sur du VST (ndlr : instruments logiciels).

En même temps, je ne peux pas me défaire de mon passif. Il se situe plutôt dans les musiques à guitare et la musique électronique des années 90 avec l’ensemble des sous-genres : l’indie-rockshoegaze en passant par la dream-pop puis pour la partie électronique sur des musiques de club, techno, house, minimal.

Avant l’EP, tu as sorti pas mal de singles et de releases. Qu’est-ce que ces premiers morceaux t’ont permis d’accomplir ? Des certitudes et des incertitudes pour produire ton EP aujourd’hui ?


J’ai sorti ma musique un peu pour me faire plaisir, pour exister sur les plateformes et pour m’accomplir en quelque sorte. En fait, mon métier depuis 4 ans, c’est de faire de la musique de commande, de pub et du design sonore notamment pour des marques de luxe. De fil en aiguille, j’ai eu envie de faire de la musique pour moi aussi. En marge de ce que je pouvais faire pour des clients, j’ai commencé à développer des nouvelles techniques et à produire des sons.

Beaucoup de morceaux ne sont pas sortis, et puis il y en a eu deux où j’étais assez fier de moi pour les sortir. C’était le moment, donc, je les ai sortis. Et donc, ils sont comme ils sont, mais j’en suis toujours fier même si je n’entends plus que leurs défauts. :rire:

Quels étaient les premiers titres ?


Ces deux premiers morceaux, « The Marble » puis « Snicked », forment un EP de deux titres assez cohérents. Suite à la sortie, j’ai rapidement eu des retours alors que je ne m’y attendais pas du tout. Je pensais que je le faisais pour moi et que personne ne m’allait écouter cette musique.

Il s’avère que les gens qui m’ont fait des retours, à part mes potes, c’est des gens qui étaient déjà soit des artistes, soit des gens qui travaillent dans la musique. Donc, ça m’a permis de faire plusieurs rencontres enrichissantes.

Et puis, au gré de ces rencontres-là, tu comprends un petit peu mieux ce qui est possible de faire à ton niveau. Très vite, au bout d’un an, j’ai fait un live même si ce n’était pas du tout prévu. Et voilà, ça a ouvert la porte sur autre chose.

Ce projet qui devait être juste un projet de studio avec de la musique « droppée », c’est devenu quelque chose d’un petit peu plus sérieux. Maintenant, je le fais aussi avec d’autres personnes, car il n’y a pas que moi dans ce projet.

Avec qui collabores-tu depuis le début du projet Paul CH ?


Il y a eu pas mal de collaborations. Les collaborations se font à l’échelle des remixes, par exemple, avec les remixes que j’ai sorti, avec Thems, avec ABRAN, avec ROD-R, avec B/O/M.

Sur le travail de studio, avec Olivier VASSEUR, avec qui j’ai fait le disque. Mais aussi sur le live avec Félix MUHLENBACH (Thems) gère et m’aide beaucoup sur le son en live. Donc en fait, c’est un projet qui s’est ouvert à plusieurs personnes.

Et maintenant, je fais un concert devant une petite poignée de personnes. Donc c’est quand même cool que Paul CH puisse exister et résonner en dehors de mon studio-chambre Pantinois. :rire:

Quel est l’enjeu par rapport à cette soirée ?


L’enjeu pour moi, c’est d’accomplir en fait ce premier chapitre, qui est celui de mon premier EP par le live. En emmenant les morceaux un peu plus loin et en poussant un petit peu le côté club sur certains arrangements. En fait, la soirée n’est pas une écoute de l’EP. C’est vraiment du live, même s’il y a une trame qui est déterminée par mes séquences, tout en respectant une certaine structure et énergie.

Donc je dois respecter une trame que je me suis donnée, à part à certains moments où je suis plus libre sur des moments plus improvisés. Mais j’ai des instruments hardware que je joue ou que je module en envoyant des séquences dedans. Il y aura quand même une part d’imprévu avec l’énergie dans la salle, ou de ce que j’aurai envie de faire à l’instant T avec mes machines et mes contrôleurs qui agissent sur les bandes (batteries et autres synthés…) !

Comment tu te sens par rapport à cette release party ? À quoi le public doit s’attendre ?


C’est un concert de musique électronique, mais c’est aussi un concert visuel avec un show lumière. Ce sera une progression qui sera différente de celle de l’EP, également avec mes anciens morceaux, que j’ai revisité pour qu’ils puissent matcher avec les nouveaux.

Au-delà de mon concert, c’est aussi une soirée globale de musique électronique, avec deux concerts et deux DJ sets. Avec le concert de CØLIBRI, et puis les deux DJ sets d’ABRAN et HORO, pour close la soirée.

Donc de 20h à 3h pour 5 euros, ça fait quand même une soirée de musique électronique très cool à Paris. On ne peut pas faire beaucoup mieux, je crois. :rire:

La soirée est le 31 janvier 2025 au Pop Up du label à Paris.
> Il reste toujours des places, alors n’hésitez pas ! <

Est-ce que tu peux nous toucher quelques mots sur ces artistes ?


CØLIBRI, c’est un artiste nantais qui fait de l’electronica, slash musique de film, live, sur scène. Il sera accompagné d’un batteur. Ensuite, ABRAN, c’est un copain producteur qui vit aussi à Paris que j’ai rencontré juste après mes premières sorties. Lui, il fait de la musique ambiante/electronica. Et là, évidemment, il mixera une musique un petit peu différente de celle qu’il a l’habitude de jouer quand il joue ses morceaux. On sera sur un set un peu plus club.

Et puis HORO, c’est un.e producteur.ice un peu plus sur le versant progressive techno/trancy techno/psyché disco. Iel a été très vite signé.e sur le label français Inclusif en 2020, et c’est l’artiste qui produit la musique le plus « club » de la soirée ! L’idée, c’est de faire monter crescendo l’énergie de la soirée et que le closing soit vraiment un climax total.

Est-ce que tu aurais trois artistes à recommander ? (Des artistes actuels ?)


APARDE, un artiste berlinois, qui fait également de l’electronica.

MARTA, c’est un groupe parisien, ils viennent juste de sortir leur premier EP et ils font de la techno avec des instruments acoustiques comme la batterie acoustique, violon, des synthétiseurs. Ils ajoutent le tout dans des effets et c’est assez mental comme musique.

Ensuite, en ce moment j’écoute pas mal CLAUDE. C’est un artiste qui fait de la pop française et qui pour le coup remplit pas mal des salles et qui m’a mis une grosse claque là il y a quelques mois quand j’ai découvert son album « In Extremis« .

Est-ce que tu aurais des surprises, des collaborations au live qui vont avoir lieu lors de l’événement ?


Pas encore de feat avec une star internationale :rire: ! Non, non, ce sera juste moi. Par contre les surprises elles sont effectivement dans le fait que les morceaux sont quasiment tous revisités. Il y aura des petites surprises, mais je préfère ne pas trop en dire !

Quelle est ta musique du moment ?


Le dernier album de Floating Points qui est très club et très vénère. J’aime bien le fait qu’il soit allé vers un versant beaucoup plus club que son précédent album. Celui-ci me met dans une énergie maximale, et je l’écoute pour me motiver à faire du sport que je ne fais plus assez…

Quel est ton plat préféré ?


Ah là là c’est dur, mais j’ai envie de te dire un couscous végé.

Couscous végétarien aux légumes d'hiver

Plutôt infiniment grand ou infiniment petit ?


Infiniment grand, parce que l’infiniment petit, à l’échelle atomique, ou cellulaire est connue (enfin, on pense que…), même si ça reste fascinant de pouvoir observer tout ça. L’infiniment grand, c’est LA question existentielle.

On découvre d’années en années qu’en fait l’univers et toujours plus étendu que ce qu’on pensait, les dernières photos de l’univers sont tellement magnifiques… c’est fascinant et ça fout aussi bien le vertige. Au lieu que ce soit une angoisse, j’ai décidé d’en faire de la musique. 😉

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?


Alors j’aimerais faire un stade de France :rire:. 2025, c’est une année où j’ai envie de défendre mon EP en live. Sinon, juste que ma musique soit de plus en plus partagée et écoutée par rapport à l’année dernière évidemment. Et enfin, rencontrer des gens, faire des remixes. Me faire remixer… Et c’est prévu.

Un grand merci à Paul CH pour cette interview.
N’hésitez pas à découvrir notre article sur son premier EP « Dispersion » juste ici et à prendre vos billets pour la release party au Pop Up du label !

Billetterie Release Party | Article sur l’EP « Dispersion » | PAUL CH

Crédits photos : Margot Trovo / Artwork : Cyril Izarn

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