Lors du Touquet Music Beach Festival, on partait à la rencontre de Yuksek pour une interview. Le producteur s’est livré sur différents sujets, comme son album “Dance’O’Drome“, de son summer tour 2023 , ou encore son nouveau projet photo. Il a également répondu à la question existentielle : ça rend heureux d’être artiste ?

Hello Yuksek, comment vas tu ?


Super bien ! Là je rentre de vacances, et je reviens de la mainstage du Touquet Music Beach Festival c’était top.

Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux tu te présenter ainsi que ton projet Yuksek ?


Wow. Je suis une personne qui fait de la musique. De la musique pour faire danser des gens, sous le nom de Yuksek depuis pas mal d’années maintenant. Là j’ai sorti mon 5ème album en mai. Sinon je fais aussi des musiques de films, et je produis pour des artistes. J’ai aussi un label, en fait même deux ! Donc c’est pas mal garni.

Si tu devais faire écouter un de tes titres à quelqu’un qui ne te connaît pas ?


Forcément, ça sera toujours un morceau du dernier album en date, car c’est ce qui me plaît le plus. Donc sur « Dance’O’Drome« , je dirai « Hypra-Sensorial » avec Voyou et Paula.

Justement, « Dance’O’Drome« . Il représente pour toi cet album ?


En fait sur mes 2 derniers albums, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai l’impression d’être un peu plus en phase avec ce que je veux vraiment faire. Parce les autres albums, une fois que je les ai sorti, j’en ai presque déjà marre. J’avais envie de passer rapidement à autre chose. Mais là depuis deux albums, j’ai l’impression de m’être posé dans un truc un peu plus axé sur la musique brésilienne, le disco et l’électro. Le tout donne un son qui me convient, et dans lequel je me reconnais maintenant.

Il fait écho à ton émission chez Radio Nova. Tu peux nous en dire plus ?


Alors l’émission ne sera plus active cette année, elle est terminée. Mais oui, c’est assez élargi, mais c’était un peu le concept de l’émission. Déjà sur mes parties, il y en a où je jouais des choses assez différentes d’une émission de radio. Après j’avais des invités, et ça allait de DJs très Techno comme Tennis, à des DJs House. Moi j’aime beaucoup de choses dans la musique de dance. Il n’y a pas de style qui à priori me pose problème. Après il y a des choses que je n’aime pas. Et c’est un peu ce concept là que je suis allé chercher dans l’album.

« Le DANCEODROME radio sur Nova c’est fini, ça devait durer une soirée pendant le confinement et ca a duré plus de 3 ans. 3 ans de plaisir et de fierté d’être sur cette antenne qui doivent s’achever car ça n’est plus compatible avec mes autres activités. Un grand merci à tous les invités, à Ruddy et Mélanie qui m’ont accueilli, à Reza, Malo, Esteli et tous chez Nova, à Anatole pour tous ces flyers de fou et à tous d’avoir été fidèles. Les archives sont sur mon SoundCloud, sur les podcasts de Nova et puis DANCEODROME c’est un album et une tournée qui va continuer. » – YUKSEK

Tu préfères produire un album ou une Bande Originale ?


Ce n’est pas du tout la même chose. Surtout que maintenant les albums je les fais sans pression. Parce que ça sort sur mon label, même si après c’est en licence avec quelqu’un d’autre, mais en gros personne me dit quand il faut et qu’est ce qu’il faut faire. Quand je fais mes morceaux, et que j’estime que j’ai un album de prêt, je le sors. Il n’y a aucune pression. Si j’ai envie, ça peut me prendre 2 ou même 5 ans, ou seulement 6 mois.

Les musiques de film c’est quelque chose qui est plus dans le temps, plus ramassé, et plus « un travail« . Mais j’aime les 2. L’équilibre pour moi est super ! Et c’est vraiment ce que je veux.

Le projet Destiino est-il toujours dans tes papiers ?


Oui, comme il l’a toujours été : un projet qui existe sans exister. Parce que je n’avais pas forcément envisagé de sortir un album sous ce nom là. J’avais plusieurs morceaux qui traînaient, et qui n’étaient clairement pas du Yuksek. Je les ai fait écouter à Chloé, parce qu’on jouait à 2 lors d’un festival en Grèce. Je lui ai dit que j’avais quelques démos sur un disque dur, et ce qu’elle en pensait et si je pouvais en faire quelque chose. Elle m’a répondu que c’était trop bien, et d’en faire un album sur son label Lumière Noire.

Pour l’album c’était plusieurs démos qui traînaient, et effectivement j’ai encore quelques trucs comme ça. J’avais justement l’opportunité de faire un disque sous ce nom là cette année, ou au moins un gros EP. Mais là j’ai une grosse série qui est tombée, et un film après. Donc je ne sais pas si je vais avoir le temps, mais en tout cas l’idée serait d’alterner les deux projets si je peux.

Yuksek devient Destiino dans un premier album de folie !

5 albums, 2 labels, des EPs, des B.O, tu es mutli-casquettes. Comment on fait pour être aussi productif ?


En toute franchise, je ne m’en rends pas vraiment compte. Des fois c’est des potes qui me disent que c’est n’importe quoi. Je bosse tout le temps, c’est vraiment mon moteur de vie. J’ai vraiment la peur du vide en fait. Les moments où il n’y a rien je suis pas bien, donc ça n’arrive pas. Je fais en sorte qu’il n’y en ait pas ! Ça me motive de faire de la musique. Aller dans mon studio tous les jours, ça me fait kiffer. Peut-être qu’à un moment j’en aurai marre, enfin j’espère.

Après là je suis sur d’autres trucs. Je fais de la photo depuis quelques années, et là j’ai un premier vrai projet l’année prochaine. Je vais partir plusieurs semaines au Liban, pour faire des photos, et après ça serait exposer lors de la biennale d’Aix-en-Provence. Donc je suis un peu à fond là dedans ! Au final je vais un peu ralentir la musique, mais quand même pour faire autre chose.

Pour suivre les clichés de Yuksek, rendez-vous sur le instagram I Do Cliches !

Tu termines ton summer tour 2023, en es tu satisfait ?


Oui c’était très cool. J’ai enchaîné beaucoup de dates, un peu trop même. Mais franchement c’était une belle tournée. Et surtout j’ai fait quelques dates en formule ‘live‘, où j’avais des écrans LED et tout une animation. J’étais un peu réticent à monter ce truc là. On en a parlé avec mon tourneur, parce qu’il y avait vraiment 2 – 3 grosses grosses scènes, et on s’est dit qu’il fallait peut-être pas y aller tout nu, juste en DJ. Donc on l’a fait ! Même si je n’y croyais pas trop, ça a super bien marché. J’étais super étonné du rendu. On a bossé avec mon graphiste qui a fait l’album, et il m’a donné tous les médias pour que je fasse les animations.

Ensuite on a bossé avec un mec qui a mis ça en espace, car ce n’est pas un écran mais 25 écrans ! C’est une espèce de mosaïque, avec des écrans devant et derrière moi. Le DJ Booth est habillé aussi. L’image est partout, mais éclatée. C’était que des trucs chelous, assez psychés, et en fait ça marche hyper bien. Je ne joue que mes morceaux pendant une heure, donc c’est un genre de live. Et on va faire une tournée avec tout ça à partir de janvier ! Ce n’était pas prévu, mais ça m’a plu du coup on va développer ça.

Est-ce que ça rend heureux d’être artiste ?


C’est une belle question, et justement j’ai lu pas mal de citations à ce sujet, que je n’ai pas en tête là tout de suite. Mais en vrai non, je ne crois pas. C’est quand même une faille. « Artiste » ça ne veut pas dire grand chose, même si ça fait écho à une sensibilité. Je pense que ça rend heureux dans ton art, mais les artistes ne sont pas les gens les plus heureux dans leur vie. Et je peux en témoigner.

Mais c’est cool, parce que tout le monde en rêve. Beaucoup de gens aimeraient être à notre place. Mais en vrai personnellement j’aimerai ne pas être à ma place, avoir une vie plus simple. Attention ce n’est pas condescendant ce que je dis, c’est avoir une vie plus normée que normale. Parce que moi tout est éclaté, tout le temps. A la fois c’est génial, et c’est hyper motivant, mais en même temps ce n’est pas facile d’organiser une vraie vie autour de ça.

Après toutes tes collabs, il y en a une dont tu rêves ?


Non, parce qu’une collab’ c’est toujours une question de personne avant de faire de la musique. En fait, c’est des copains, des gens qui deviennent des potes, ou des rencontres avec qui on se dit « On fait un truc« . Y’a pas de collaboration que j’ai faite où je me suis dis « Je veux absolument produire avec ce mec ou cette meuf parce que j’adore ce qu’il fait« . Ça ne s’est jamais fait comme ça. C’est que des trucs avec des gens que j’aime bien, et on se colle 3 jours en studio, ou chambre d’hôtel avec trois écrans, une enceinte, une basse et des synthés, et on voit ce qui sort.

Ton meilleur souvenir de festival ça serait lequel ?


J’en ai pleins ! Mais dans mes trucs récents, on parlait justement du live qu’on a mis en place pour certaines dates. Forcément elles me viennent à l’esprit ! Mais la première où on a fait le live c’était au Artrock, le premier festival de la tournée, et c’était vraiment cool.

Toi qui est de la génération de l’album, que penses tu de la consommation actuelle de la musique ?


C’est à double tranchant. A la fois, les plateformes aident au développement de la surconsommation, et vont contre le concept d’album. Et dans un autre sens, quelqu’un qui tape « Yuksek » sur Spotify, il retrouve toute la musique que j’ai produit depuis 15 ans, et peut l’écouter. Mes morceaux, mes remixes, absolument tout. Là où il y a 15 ans, quand un mec avait pas acheté mon album en CD ou vinyle, il ne pouvait pas écouter ce que j’avais fait. Après il y a le problème des revenus, mais ça ne me concerne pas complétement car mon revenu, c’est faire des dates. J’ai jamais vraiment gagné d’argent avec la musique que je sortais. Donc je suis partagé, et j’ai décidé de m’en foutre un peu. Je vais continuer à sortir des albums, parce que j’aime bien ça. Les ventes de vinyles redécollent donc c’est encourageant.

Du coup il y a la dématérialisation, mais il y a beaucoup de gens qui aiment avoir des objets. Les deux cohabitent ! A la fois le streaming et sa façon de consommer la musique, et à la fois il n’y a jamais eu autant de disquaire que depuis 20 ans. Moi même je suis un gros collectionneur de vinyles. Et la dernière fois, je tombe sur un superbe disquaire à Biarritz. J’y ai passé 3 heures, c’était blindé de monde, et celui qui tient ça est super pointu. Donc tout va bien en fait, la musique existe, les gens écoutent des playlists sans vraiment s’intéresser aux artistes qu’ils écoutent. Mais peut-être qu’à un moment, ils vont tilter sur un truc et suivre d’un peu plus près l’artiste. Je trouve ça pas si mal en fait !

L’intelligence artificielle dans la musique, t’en penses quoi ?


J’avoue que je passe complétement à côté pour l’instant. Je ne suis pas du tout intéressé ! J’en discutais avec des copains qui sont dans l’image, qui ont des boîtes de prod, photos vidéo. Et ils me disaient qu’ils commençaient à pas mal s’en servir. Pour la retouche, et tous ces trucs là. Puis de mon côté, j’ai commencé à regarder un peu sur LightRoom et tout.

Mais dans la musique sincèrement je ne sais pas. Ce que je vois en parallèle avec ces trucs de retouches, c’est des sites qui proposent des masterings automatiques. Je n’ai jamais essayé, si ça se trouve ça doit bien marcher ! Après sur la création, y’a des mecs qui font des trucs qui sont quand même assez randoms. Y’a des humains qui font des choses assez randoms, et que peut-être l’IA peut le faire aussi. J’ai tendance à croire qu’il y a quand même un input humain qui sera toujours intéressant dans l’art, quel qu’il soit. Peut-être que ça enlèvera des métiers, je ne sais pas. Comme dans l’industrie, où la robotisation enlève des métiers, en crée d’autres. Je ne suis pas d’un naturel réac, et je ne suis pas non plus d’un naturel hyper geekos, donc j’attend de voir. Je fais ma petite tambouille tranquille.

Est-ce que tu as une exclu pour nos lecteurs ?


Musicalement ? J’ai deux trois remixes qui vont sortir dans les prochains mois. Et puis on va faire une nouvelle version de l’album. J’ai pas encore trop décidé justement. J’ai des versions lives, je pense qu’on en sortira quelques unes, et puis quelques remixes, et sûrement quelques nouveaux morceaux ! On imagine ça plutôt pour la fin de l’année ou début d’année prochaine, justement pour accompagner la nouvelle tournée.

Et qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?


Le bonheur, la joie, l’allégresse. Il n’y a rien de plus à souhaiter aux gens !

On tient à remercier Yuksek pour cette interview. On va suivre de prêt les prochains projets du producteur, en photo et en musique. Merci également à l’équipe du Touquet Music Beach Festival pour l’accueil 💚

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